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Paris - Compte-rendu - récital de pianos dans le cadre du cycle « Enfances » à la Cité de la musique

Dans le cadre du cycle Enfances organisé par la Cité de la musique, Dimitri Vassilakis et Michael Wendeberg (photo ci-contre), les pianistes de l’Ensemble intercontemporain, étaient conviés pour un récital composé de pièces très variées du répertoire moderne, qui faisaient toutes plus ou moins directement allusion à l’enfance. Le programme comportait d’abord un ensemble d’œuvres pour piano à quatre mains et une création de Klaus Lang pour deux pianos. Aux côtés de l’inévitable Ma mère l’Oye de Ravel, dont l’efficacité et la beauté siéent toujours à la fin d’un concert, figuraient des œuvres « enfantines » plus rares : quatre pièces tirées de l’opus 85 de Schumann, et quatre extraits des Jatekok de Kurtag.

La collaboration des deux interprètes ne fut pas toujours convaincante : deux remarquables pianistes ne suffisent pas à faire un duo. Les pièces de Schumann furent exécutées avec brio, mais elles nous ont paru manquer d’âme et de fantaisie. De même la magie et le mystère des contes de Ma mère l’Oye nous ont semblé absents d’une interprétation assez froide. Il faut dire que l’instrument sur lequel jouaient Dimitri Vassilakis et Michael Wendeberg manquait singulièrement d’ampleur et était doté d’une sonorité assez étriquée et sèche, peu propice aux demi-teintes de Ravel. En revanche, les Jatekok furent plus séduisants : sans doute s’agit-il d’un répertoire plus familier aux deux pianistes. Quant à la création de Klaus Lang, small life.transition, il n’y a pas grand’chose à en dire, si ce n’est qu’elle nous est apparue comme une pièce longue et ennuyeuse, malgré les explications ésotériques dont le programme nous faisaient part. Cette pièce, qui se veut une réflexion sur les changements de l’immobilité, fut assurément la plus faible de la soirée.

Il est vrai d’ailleurs que les pièces pour piano seul nous ont paru plus intéressantes, car les deux interprètes ont pu y donner toute la mesure de leur talent. Dimitri Vassilakis a fait entendre un bref et charmant Kinderstück de Webern ; il a su transmettre toute la nostalgie de plusieurs des Jatekok de Kurtag, comme cet Hommage à Farkas Ferenc (Bribes de souvenirs d’une mélodie de Colina), d’une douceur mélncolique poignante, avant de conclure par une interprétation flamboyante du Baiser de l’Enfant-Jésus de Messiaen, tiré des Vingt Regards de l’Enfant-Jésus.

Quant à Michael Wendeberg, il nous a régalés de trois extraits d’Ein Kinderspiel de Lachenmann, pleins de malice et d’humour, dans lesquels le compositeur suggère tantôt la démarche d’un « Faux Chinois un peu saoul », tantôt les mouvements réguliers d’une « Balançoire à filtre »… Enfin, le pianiste terminait par une pièce bien sérieuse et sévère de Heinz Holliger, Elis, écrite à partir de poèmes de Georg Trakl. Ce programme nous offrait ainsi l’occasion, somme toute assez rare, de nous aventurer hors des sentiers battus de l’enfance mise en musique.

Christophe Corbier

Cité de la musique

Photo : DR
 

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