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Patrick-Marie Aubert dirige Le Roi David au Palais Garnier - Un grand moment de ferveur - Compte-rendu
Le Roi David d’Arthur Honegger (sur un drame du Suisse René Morax évoquant les épisodes de la vie du roi d’Israël et de Judas) reçut un triomphe à sa création en 1921. A l’instar du reste de l’œuvre d’Honegger, ce psaume symphonique en trois parties n’encombre pas les salles de concert malgré la grande science de l’écriture et la puissance de conviction qui l’animent.
La version originelle pour 17 musiciens (où les cuivres ont une part prépondérante et les cordes sont limitées à une contrebasse) présentée à l’Opéra de Paris est une véritable redécouverte où la solennité le dispute à la simplicité biblique. A la tête des excellents musiciens de l’Opéra National de Paris, Patrick Marie Aubert (actuel chef du Chœur de l’Opéra depuis août 2009 après avoir officié au Capitole de Toulouse) conduit avec autorité, précision, justesse stylistique, l’ensemble de ses troupes sachant tout autant clarifier les grands moments de ferveur (l’Alléluia de la fin de la deuxième partie ou le choral final), doser les climats guerriers et religieux, ou dégager les élans populaires avec une souplesse et une maîtrise remarquables.
Le récitant, Michael Lonsdale, refuse l’emphase au profit d’une interprétation intériorisée, presque murmurée (en dépit de la sonorisation), installant un climat d’intimité qui rappelle sa prestation en Frère Luc dans le filmDes hommes et des dieux. Les interventions de la soprano Sophie Marin Degor sont parfois tendues : sa voix de soprano paraît trop légère par rapport à la plénitude exigée (vocalises de la Chanson d’Ephraïm), mais la diction est excellente. Nora Gubisch incarne une Pythonisse très théâtrale (Incantation) ; la magie de sa voix de mezzo engendre un mystère qui donne le frisson. Le ténor Stanislas de Barbeyrac possède une belle autorité et une constante sérénité (Psaumes du Roi David). En jeune pâtre, Théophile Baquet, venu de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, apporte une pureté de ton à l’angélique voix de David enfant (Cantique du berger David).
Une merveilleuse soirée à mettre à l’actif de l’Opéra de Paris, ce qui fait d’autant plus regretter que l’œuvre d’Honegger ne bénéficie pas toujours du succès qu’elle mériterait.
Michel Le Naour
Paris, Palais Garnier, le 25 mars 2011
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Photo : Patrice NIN
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