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Phi Phi au Théâtre de l’Athénée - Une interview de Johanny Bert, metteur en scène
Du 16 novembre au 9 janvier, la compagnie Le Brigands investit la scène du Théâtre de l’Athénée avec Phi Phi d’Henri Christiné et Albert Willemetz. Dans cette opérette en trois actes, créée avec un énorme succès le 12 novembre 1918 au Bouffes Parisiens, l’esprit des Années folles est déjà bien présent, irrésistible et pétillant. On attend le Phi Phi des Brigands avec d’autant plus d’impatience qu’ils en ont confié la mise en scène au comédien et marionnettiste Johanny Bert. Il a accepté de répondre à concertclassic.
Compte tenu de ce qu’a été votre parcours jusqu’ici, comment a pris forme le projet autour de Phi Phi avec la compagnie Les Brigands ?
Johanny Bert : J’ai pour habitude de travailler sur le rapport entre acteurs et formes marionnettiques, de mélanger les deux. Il y a deux ans j’ai réalisé pour la première fois un spectacle musical avec L’Opéra de quat’sous de K.Weill/B.Brecht ; ma première expérience où je mélangeais voix chantée et voix parlée, avec des acteurs/chanteurs qui manipulent les nombreux personnages du livret.
Lorsque Loïc Boissier m’a proposé de collaborer avec Les Brigands, je les connaissais un peu pour avoir vu leur travail en tant que spectateur. J’ai toujours été très intéressé et curieux de l’opérette et de l’opéra. J’avoue que, de Christiné, je connaissais seulement Dédé. Je me suis donc plongé dans l’écoute de Phi Phi en me demandant ce que je pourrais inventer, raconter avec ma manière de faire, afin d’arriver à quelque chose qui me soit personnel et me paraisse pertinent par rapport à l’oeuvre. J’ai tout de suite été séduit par la musique, que je trouve étonnante, croustillante, et qui me plaît beaucoup. L’histoire de Phi Phi est tout à fait simple et c’est la musique qui m’a entraîné vers cette création, ainsi que l’envie de travailler avec Les Brigands pour avoir vu certains de leurs spectacles. J’avais une idée très claire, une envie très précise de mise en scène ; la conviction que je pouvais monter Phi Phi à ma façon.
Venons en justement à cette approche où chanteurs et marionnettes cohabitent…
J. B. : Je suis parti de l’idée de Willemetz et Christiné qui situent l’histoire de Phi Phi dans l’Antiquité grecque avec des personnages tels que le sculpteur Phidias, Aspasie, femme de Périclès et, dit-on, première féministe, etc. Je me suis demandé comment représenter ces personnages : le choix de mise en scène est de confronter le temps où se place l’action (une ironie d’antiquité grecque) et notre regard d’aujourd’hui. Les personnages principaux sont donc des sculptures manipulées à vue par le chœur des modèles. Ces sculptures/marionnettes sont constituées de membres détachés permettant des rapports de corps parfois extravagants. Les voix sont données par cinq solistes placés à côté de l’image, en regard sur l’action. Ils donnent leur voix, leur énergie, leur précision de texte aux marionnettes pendant les dialogues. Quand on bascule dans les airs, la marionnette disparaît ou l’image se fige et ce sont les chanteurs qui reprennent l’action en charge. Le spectacle joue sur une alternance, parfois avec insolence, entre les marionnettes et les chanteurs.
Comment les membres des Brigands se sont-ils prêtés au jeu de cette mise en scène ?
J. B : Pour manipuler les marionnettes j’avais besoin de neuf comédiennes-chanteuses-manipulatrices, qui font le chœur des modèles dans l’œuvre. J’ai d’abord travaillé avec elles sur la manipulation, les impulsions de manipulation, etc. Les cinq chanteurs sont arrivés ensuite et j’ai été très heureux de leur disponibilité et leur précision dans l’engagement du projet, dans leur façon de donner vie aux personnages. Le travail d’écoute est très important car il faut évidemment donner la voix mais être aussi attentif aux personnes qui manipulent les formes marionnettiques (trois par personnage). Cette convention demande une grande exigence de la part de tous les artistes au plateau. Les membres des Brigands sont des gens qui aiment ce répertoire, qui aiment s’amuser avec lui tout en le respectant. Je ne voulais pas monter Phi Phi en m’en moquant. Phi Phi a été créé le 12 novembre 1918, nous sommes aux prémices des années folles et même si le but est de divertir, on retrouve dans le livret un vrai plaisir de la musique, des questions sur le rapport au corps et au désir.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 3 décembre 2010
H . Christiné/L. Willemetz : Phi Phi
Compagnie Les Brigands / Mise en scène : Johanny Bert
Théâtre de l’Athénée
Du 16 décembre 2010 au 9 janvier 2011
Tel. : 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com
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