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Portrait baroque - Marc-Antoine Charpentier ; 2ème partie
Parce qu’elle est immense et touche à tous les genres d’écriture, il est bien difficile de cerner la production musicale de Marc-Antoine Charpentier. En effet, le compositeur nous a laissé une œuvre comptant pas moins de 551 pièces, pour l’essentiel vocales, et majoritairement dédiées à la musique sacrée. Vingt-huit volumes en tout, pratiquement pas publiés de son vivant, et qui reposent actuellement à la Bibliothèque nationale de Paris.
Mais reprenons depuis le début. Si sa jeunesse est ponctuée de zones d’ombre, on sait de source sûre que le compositeur séjourna à Rome aux alentours des années 1665, où il reçut l’enseignement de Carissimi. L’influence de ce dernier est décisive pour la plume du français qui, dès son retour à Paris, développe un savant mélange stylistique.
Sa carrière ne débutera réellement qu’en 1671, lorsque Lully, abandonnant Molière, l’appelle à ses côtés pour l’assister dans ses Comédies-Ballets (on lui doit la musique des intermèdes de La Comtesse d’Escarbagnas, comme celui du Malade Imaginaire). Jusque dans ses propres compositions, Charpentier gardera la marque lulliste, se pliant à la norme d’un effectif orchestral imposé par le Surintendant du Roi. La musique de théâtre étant pour ainsi dire la « chasse gardée » de ce dernier, notre musicien se retranchera vers la musique sacrée… (à de rares exceptions près, puisqu’on lui doit quelques divertissements, comme les Arts Florissants (1688), l’opéra Médée (1693), où des œuvres comme la cantate profane Orphée descandant aux Enfers, un genre dont il est l’introducteur en France).
Mais c’est principalement dans le domaine de la musique religieuse qu’évoluera Charpentier, et ô combien brillamment ! Outre le fait que sa production soit abondante (sur les 507 œuvres vocales sacrées, on compte 11 messes, 54 Leçons de Ténèbres, 4 Te Deum, 35 oratorios, et 235 motets), elle est d’une incroyable diversité interne. En effet, sur ce terrain, Charpentier se détache de ses contemporains par son traitement de la messe en musique (chose assez innovante à l’époque), ainsi que par sa pratique de tous les genres alors existants.
Mais là où son héritage artistique italien le rend véritablement pionnier en France, c’est dans l’écriture d’Histoires sacrées (on y retrouve la fibre carissimienne), plus généralement regroupées au catalogue sous le nom d’oratorios. Cette forme, assez variable de construction, permit au compositeur d’affirmer son sens de la couleur et ses élans théâtraux, à travers des effectifs aussi divers que libres d’adaptation. Parmi les Histoires les plus connues, on dénombre Le Fils prodigue, Esther, Judith, Cécile vierge et martyre, Le Reniement de Saint Pierre, le Jugement de Salomon… Sans doute écrites pour les Jésuites, ces pièces furent composées entre 1675 et 1683, et se font le témoin de l’évolution musicale de Charpentier.
Terrain d’expérimentation et d’expression, ces dialogues mis en musique dévoilent une facette conséquente de notre compositeur. En dehors des œuvres monumentales comme les i>Te Deum ou les Messes, ces oratorios à la romaine révèlent une personnalité toujours en quête artistique, en recherche d’une perfection musicale, tant au niveau de la forme que du matériau sonore.
Au service de la couleur, de l’émotion et de l’inventivité, voilà une œuvre qui vaut largement tous les feux d’artifices du « royal » Lully !
Coralie Welcomme
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