Journal
Royaumont 2008 – Stimulant dialogue
Comme tous les ans les derniers jours d'août marquent le coup d'envoi de la saison musicale de l'abbaye de Royaumont. Et une fois de plus le splendide édifice du Val d’Oise accueille une programmation où patrimoine et attachement au passé vont de pair avec une remarquable ouverture à la modernité.
Les génies italiens auront été source d’inspiration cette année ! Après Dante vu par Romeo Castellucci au Festival d’Avignon, c’est au tour de gravures et de poèmes de Leonard de Vinci de nourrir « Descrizione del diluvio », le spectacle multimédia présenté en ouverture de la nouvelle saison de Royaumont. Une description du déluge, conçue par le vidéaste Paolo Pachini et le compositeur Mauro Lanza, qui donne l’occasion d’entendre les fameuses Percussions de Strasbourg.
Placée en exergue de l’édition 2008, « Descrizione del diluvio » témoigne de la curiosité de Royaumont envers la création contemporaine. D’ici au 19 octobre, on aura par ailleurs eu la possibilité de découvrir un passionnant programme de l’Ensemble Cairn intitulé « Leçons de lumière » (y figurent des créations mondiales de Combier, Schuemacher et Baba). En contrepoint, des Leçons de ténèbres de l’Espagnol Cristobal de Morales interprétées par Doulce Mémoire rappellent que la musique ancienne et baroque occupe toujours une place centrale à Royaumont.
Mais c’est d’abord un stimulant dialogue entre les esthétiques et les époques que l’institution dirigée par Francis Maréchal cultive. On en trouve un parfait exemple (le 7/09) avec « Modernités d’hier et d’aujourd’hui », un concert en trois parties par l’Ensemble De Caelis et les Neue Vocalsolisten qui mène l’auditeur de l’Ars Nova à la création (Sciarinno, Levinas, Sun Young Pagh).
Que les amoureux du siècle romantique se rassurent. Loin d’être oubliés, ses musiciens sont même parmi les mieux servis de l’édition 2008. Si la saison Royaumont honore des noms célèbres, elle se garde bien de céder à la facilité et programme des partitions aussi belles que peu fréquentées. Gounod ne s’intéressa pas qu’à Goethe. En 1858, un an avant la création de Faust au Théâtre Lyrique, le compositeur fit entendre un ouvrage inspiré de Molière, Le Médecin malgré lui, que Royaumont propose sous la baguette d’un fidèle de l’abbaye : Pascal Verrot (voir un extrait vidéo). Ce n’est toutefois là qu’un exemple des raretés à l’affiche cette année. Le Pélerinage de la Rose de Schumann dirigé par Geoffroy Jourdain, des pièces rares de Liszt et de Franck par Les Solistes de Lyon-Bernard Tétu et l’organiste Joris Verdin justifient aussi que l’on prenne le chemin de Royaumont.
Alain Cochard
Saison Musicale 2008 de l’Abbaye de Royaumont. Du 30 août au 19 octobre 2008. Programme détaillé et réservation
Photo : DR
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