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Sergey Khachatryan, Gianandrea Noseda et l’Orchestre de Paris – Magique dialogue – Compte-rendu
Une seule soirée pour le dernier programme de la saison de l’Orchestre de Paris, mais quelle ! Le magnifique moment de musique que les nombreux auditeurs réunis à Pleyel ont pu vivre n’en a que plus de prix. C’est d’abord le Concerto n° 1 de Bruch sous l’archet de Sergey Khachatryan (photo) que l’on retient : magique rencontre entre l’un des plus immenses violonistes de notre temps – on l’oublie parfois un peu trop en France … - et Gianandrea Noseda, un chef que la phalange parisienne apprécie beaucoup à l’évidence.
Gianandrea Noseda / © DR
A ceux qui nous assènent qu’«ils jouent tous pareil aujourd’hui » et que « c’était mieux avant » - rengaine aussi vieille que le monde -, il convient d’opposer le somptueux contre-exemple offert par Khachatryan. Un grand interprète c’est et ce sera toujours, d’abord, une idée du son. La singularité, l’unicité que le jeune violoniste arménien offre de ce point de vue ne peuvent que fasciner. Dès la première phrase de l’Opus 26, on est saisi par une richesse et une densité sonores admirables, traduction d'une approche viscérale et intensément vécue. Ne faisons pas l’injure à Khachatryan d’insister sur ses moyens techniques tant le virtuose sait s’effacer au profit du pur musicien. En dialogue permanent avec une baguette d’une complicité parfaite, il soigne les nuances, débusque des détails insoupçonnés dans ce concerto rebattu. On en veut pour preuve le finale, souvent expédié « à l’arrache », et que le soliste poétise ici sans aucunement en affadir la vigueur rythmique. Longue ovation et Sarabande de la 2ème Partita de Bach en bis, littéralement métamorphosée par un archet en état de grâce...
Le succès revient aussi à un chef et à un orchestre en forme pétaradante. On l’a compris dès les Préludes de Liszt qui ouvraient la soirée avec un relief irrésistible. Quel bonheur d’entendre cette pièce devenue bien rare dans les programmes. On n’est pas surchargé non plus de propositions concernant Respighi : l’Orchestre de Paris aura même attendu ce jour de 2014 pour que les Fontaines de Rome et les Pins de Rome fassent leur entrée à son répertoire. Elle ne pouvait mieux se passer que sous la direction de Noseda. Le maestro italien connaît cette musique comme sa poche et d’un geste tout à la fois suggestif et précis, énergique et concentré, il conduit ses troupes à en restituer toute la panthéiste respiration.
Alain Cochard
Paris, Salle Pleyel, 25 juin 2014
(Diffusé en direct sur Arte Concert, orchestredeparis.com et citedelamusique.tv, ce concert demeure accessible jusqu'au 25/12/2014)
Photo Sergey Khachatryan / © DR
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