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Swann Van Rechem remporte le 58e Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon – Trois fois vainqueur ! – Compte-rendu
On a eu l’occasion de le souligner il y a peu (1), le Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon conserve une attractivité très forte : près de 300 jeunes artistes ont présenté leur candidature à la 58e édition de la compétition. Au terme des présélections du printemps à Besançon, Paris, Montréal, Berlin et Tokyo, 20 candidats seulement étaient admis sur la ligne de départ le 18 septembre et, au terme d’une semaine très intense, suivie comme toujours par un public fidèle et passionné, il en restait trois, comme c’est la règle, pour la finale au théâtre Ledoux – avec cette fois l’Orchestre national d’Île-de-France, qui prenait le relai de l’Orchestre Victor Hugo présent lors des deux premiers tours et de la demi-finale.
Le Coréen Hae Lee (32 ans), le Chinois Chao Dong (25 ans) et le Français Swann Van Rechem (photo, 25 ans) se sont succédé dans un même programme réunissant une commande du Concours à Alexandros Markeas : Living happily during the war (en création), Don Juan de Richard Strauss et l’ouverture de Così fan tutte de Mozart.
(de g. à dr.) Swann Van Rechem, Chao Dong & Hae Lee © Yves Petit
A la vérité, les choses se sont vraiment jouées entre Chao Dong et Swann Van Rechem. Hae Lee a en effet déçu par une direction trop en rondeur, concentrée sur les cordes et pas assez attentive au reste des pupitres : pour un résultat très « générique » manquant singulièrement de relief, de franchise dans les attaques, d’angles quand il le faut, et de sens dramatique (son Don Juan ne racontait rien).
On a compris à quel point il était passé totalement à côté de la belle partition de Markeas (adaptée au contexte, pleine de difficultés, sans avoir l’air d’une « pièce de concours »), en la réentendant juste après, sous la direction de Chao Dong, sans baguette lui aussi. Issu du Conservatoire de Shanghai et fort déjà d’une solide expérience tant dans le domaine symphonique que lyrique, le candidat chinois se montre autrement maître de son sujet. On est saisi par le feu qui porte sa direction, par son attention à l’ensemble de l’effectif orchestral. Entre les bruits de fête et ceux de la guerre, Living happily during the war saisit sous sa battue (ce qui lui vaudra d’ailleurs un mention spéciale au palmarès). Très visuel son Don Juan séduit immanquablement et, dans l’ouverture de Così, son sens du théâtre se manifeste dans une relation très complice avec l’Ondif, sa merveilleuse harmonie en particulier.
Swann Van Rechem © Yves Petit
Il va falloir être très solide pour faire face à un tel concurrent se dit-on en songeant au Français dont le tour arrive ... Swann Van Rechem (25 ans) l’est, au plus haut point, et donne vite la mesure de son talent. Formé au Conservatoire de Paris en percussion, puis à Amsterdam en direction d’orchestre, il se perfectionne actuellement à la Hochschule fur Musik Franz Liszt à Weimar. Chez Markeas, il affiche un précision irréprochable doublée d’un profond sens dramatique. S’il possède une belle énergie lui aussi, son propos présente une tension et un sens de la pulsation – sa formation de percussionniste n'y est sûrement pas étrangère ... – plus prononcés que Chao Dong, et une capacité autrement affirmée à raffiner le son dans les nuances les plus délicates. Après un Living happily during the war sans baguette, le candidat s’empare de celle-ci et signe un Don Juan d’une prenante force narrative ; là où Chao Dong donnait à voir, Van Rechem raconte vraiment. Pas moins réussie son ouverture de Così nous transporte instantanément sur une scène théâtre.
Les finalistes et les membres du Jury + (à g.) Jean-Michel Mathé, directeur du Festival et du Concours de Besançon © Yves Petit
Les applaudissement et les bravos l’attestent : Swann van Rechen a conquis le public, qui lui décerne son Prix Coup de Cœur. A cette récompense, première annoncée au moment des résultats, est venu s’ajouter le Prix de l’Orchestre (un Ondif dont la qualité et l’homogénéité de la prestation entre les trois candidats méritent force éloges) et, enfin, par la voix du président du Jury (et Grand Prix de Besançon 1989), Yutaka Sado, un Grand Prix, parfaitement mérité au terme d’une semaine poursuivie au meilleur niveau dans toutes les épreuves – des oreilles amies nous l'ont confirmé.
On a laissé Swann Van Rechem savourer sa triple victoire, en se promettant de lui donner la parole dans nos colonnes au cours des semaines à venir.
Enfin, n’oubliez pas que la vie musicale à Besançon et en région Franche-Comté peut compter tout au long de la saison sur l’Orchestre Victor Hugo, phalange que Jean-François Verdier, son directeur musical, a su hisser à un niveau remarquable. On les retrouvera avec Marie-Ange Nguci au clavier, dans un programme Grofé, Gershwin (Concerto en fa), Dvorak dès le 30 septembre à Montbéliard puis, le 17 novembre à Besançon, dans des pages de Mozart et Respighi (le rarissime Deità silvane pour voix et orchestre) avec Marianne Croux en soliste.
Alain Cochard
(1) www.concertclassic.com/article/58e-concours-international-de-jeunes-chefs-dorchestre-de-besancon-une-attractivite-intacte
Besançon, Théâtre Ledoux, 23 septembre 2023
Saison 23-24 de l’Orchestre Victor Hugo : www.orchestrevictorhugo.fr/concerts/
Photo © Yves Petit
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