Journal

​Théo Fouchenneret joue Fauré – Quête initiatique

 
2013, Concours international Gabriel-Fauré de Pamiers, un jeune pianiste de 19 ans emporte l’adhésion du jury (présidé par Jean-Philippe Collard) qui lui décerne le Premier Prix. Il se nomme Théo Fouchenneret. Parmi les premiers jalons dans l’affirmation d’un talent que le Concours de Genève est par la suite venu couronner (en 2018), cette distinction reçue dans la ville natale du compositeur consacrait une déjà longue familiarité avec sa musique. Depuis, Fouchenneret n’a cessé de fréquenter le monde fauréen – dont il connaît parfaitement aussi le versant chambriste. Il a pris le temps d’approfondir un univers complexe, secret, ambigu, dont l’évolution, des souvenirs du romantisme à la noirceur des opus tardifs – traduction sonore d’un forme d’exil intérieur chez un musicien que la surdité coupait toujours plus du monde –, peut dérouter tant les exécutants que les auditeurs.

 

Musique pure, dédaigneuse du pittoresque

Musique de la nuance et de l’ineffable, foncièrement antimoderne – quel titre de noblesse ... – en notre époque pesante, sinon pachydermique, binaire et si méfiante envers la nuance. Musique pure, dédaigneuse du pittoresque, pleine de méandres, qui place l’interprète « dans une situation de quête initiatique » selon Théo Fouchenneret. Un quête qu’il a menée à la faveur du Centenaire Fauré en entreprenant une intégrale des 13 Nocturnes pour La Dolce Volta.(1) Après une Sonate « Hammerklavier » pour le même éditeur, magistrale d’énergie et d’évidence architecturale, le pianiste aborde un tout autre monde. Radicale opposition certes, mais qui n’interdit pas d’établir un parallèle entre deux créateurs amoureux du clavier qui ont su conduire les formes héritées de leur devanciers jusqu’au point d’extension le plus extrême (la 32e Sonate Op. 111 pour l’Allemand, le Nocturne en si mineur pour le Français).

 

© Lyodoh Kaneko

Vision globale

Voyage envoûtant que celui proposé par Théo Fouchenneret, sur un très beau Steinway aux couleurs assez mates dont le caractère ajoute à l’approche prenante et très vécue d’un corpus que le pianiste envisage de manière globale. Du Premier Nocturne encore imprégné de Chopin – et pourtant si personnel, déjà – à la terrible amertume du Treizième, une grande arche se tend. Ce sont autant de chapitres d’une existence que le pianiste explore, avec une poésie et un sens psychologique peu ordinaires. Magie des chefs-d’œuvre et de leur interprétation, toujours renouvelée ...

Voilà ne peut qu’inciter à prendre le chemin de l’intimiste salle Cortot, lieu idoine s’il est, pour faire l’expérience de l’intégrale des Nocturnes que Fouchenneret offrira en récital le 2 octobre, avant de faire halte dix jours plus tard en Limousin, à la Ferme de Villefavard, pour le même programme – sur un Bechstein de 1900. 

Alain Cochard

 

Voir les prochains concerts "Fauré" en France <

(1) 1 CD La Dolce Volta / LDV 125

Théo Fouchenneret, piano
Fauré : intégrale des 13 Nocturnes.
2 octobre 2024 – 20h
Paris - Salle Cortot

sallecortot.com/event/faure-%c2%b7-13-nocturnes/
 
12 octobre 2024 - 20h
Villefavard   – Ferme de Villefavard (87190) / 05 55 60 29 32
www.fermedevillefavard.com/events/2024-10-12-3/

Photo © Lyodoh Kaneko

Partager par emailImprimer

Derniers articles