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Titon et l’Aurore de Mondonville à l’Opéra-Comique (Streaming) – Savoureuse fantaisie – Compte-rendu
L’association spécialiste baroque, jeune créateur pluridisciplinaire, fait ici bon ménage. Basil Twist signe avec humour et sensibilité une mise en scène aérienne qui embarque le spectateur dans un monde enchanté où décors, costumes, accessoires et parties dansées habilement éclairés par Jean Kalman, forment un tout à la fois fantaisiste et suranné. L’apport des marionnettes conçues par Basil Twist (statues d’argile, fées, moutons), maniées à vues, qui dansent ou accompagnent la belle romance entre le berger Titon et l’Aurore, peut parfois surprendre ou agacer, mais aussi pleinement assumé, il finit par susciter l’adhésion, l’esprit de la pastorale étant respecté à la lettre.
Titon est donc épris de l’Aurore, qui le lui rend bien, mais voilà que Palès et Eole veulent les mettre à l’épreuve : prématurément vieilli, Titon pense que sa bien-aimée va se détourner de lui, à tort, attitude salvatrice et aussitôt saluée par l’Amour en personne qui célèbre les vertus du couple ainsi reconstitué. Quelques mois après Hippolyte et Aricie le haute-contre Reinoud Van Mechelen prête ses traits juvéniles et sa gaucherie étudiée à Titon qu’il interprète avec aisance mais d’une voix toujours un peu grise, aux accents monocordes. Gwendoline Blondeel est une Aurore idéale tant par la clarté de son instrument que par la délicatesse de son expression, de sa diction et de son jeu.
Le couple maléfique Palès/Eole est campé avec beaucoup de talent par la soprano Emmanuelle de Negri, déclamation ciselée et émission volcanique, et par le baryton Marc Mauillon, comédien très impliqué mais chanteur un peu dépassé par les dimensions vocales exigées par son rôle. Tenu avec autorité par le baryton-basse Renato Dolcini, Prométhée – que chantait d’ailleurs à la création l’interprète d’Eole – occupe tout le prologue aux côtés de la jeune soprano Julie Roset, pépiant avec allégresse son aria « Jeunes mortels » vêtue comme un Chevalier à la rose straussien (un bouton en fleur élevé, comme la plupart des membres de cette distribution, dans la serre de William Christie joliment appelée « Le Jardin des Voix »), les Chœurs des Arts Florissants et les trois Nymphes confiées à Virginie Thomas, Maud Gnidzaz et Juliette Perret complétant agréablement la distribution d’un spectacle soigneusement capté par François Roussillon et son équipe.
François Lesueur
Photo : Gwendoline Blondeel (L’Aurore), Marc Mauillon (Eole) © Stefan Brion
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