Florian Noack (photo) ? En voilà un qui n’est pas menacé par ce qu’Honegger désignait comme « la loi du moindre effort » en matière de choix de répertoire ! Depuis près d’une décennie qu’on le suit, le pianiste belge (né en 1990), à chacune de ses apparitions, illustre son goût pour la rareté et pour la transcription - de sa main ! C’est d’ailleurs dans ce domaine qu’on l’a entendu en avril dernier à la Fondation Louis Vuitton (1).

Il y a quelques jours, il était de passage à Paris, invité du premier week-end des Solistes à Bagatelle dans des ouvrages de Medtner(2), Ligeti et Rachmaninov (les Variations sur un thème de Chopin). Le raffinement pianistique et l’intelligence musicale du jeune interprète y ont fait mouche, une fois de plus. Après le Festival de Montpellier et celui d’Husum l’an dernier, c’est au tour du Festival Piano aux Jacobins de Toulouse (commencé le 6, il bat son plein jusqu’au 29 septembre) de recevoir Florian Noack le 18 septembre, chose d’autant plus naturelle que l’artiste fait parties des cinq lauréats 2016 du « L’Europe du Piano », programme résultant d’une coopération entre la manifestation toulousaine, l’Académie Franz Liszt de Budapest et l’Association Muzio Clementi de Rome (3)

Comme à Bagatelle, le programme se termine par les Variations sur un thème de Chopin (1902-1903), un ouvrage de jeunesse du Russe certes encore éloigné de la fabuleuse épure des Corelli (1931) mais déjà riche de potentialités que l’interprète exploite avec une imagination sonore, une fluidité et un sens des caractères admirables. Reste que ce sont d’abord les amoureux de musique française qui auront le récital toulousain de Noack en ligne de mire. Inscrits parmi les concerts de Piano aux Jacobins organisés en coopération avec le Palazzetto Bru Zane, il offre en effet l’occasion à un découvreur insatiable d’inscrire à son répertoire un chef-d’œuvre méconnu : les Sillages(1908-1912) de Louis Aubert (1877-1968), triptyque admirable dont la virtuosité sombre et puissamment évocatrice ira comme un gant au jeune interprète. Entre Aubert et Rachmaninov, Noack a placé – choix parfait – la tendre et lumineuse Sonatine de Ravel : magnifique soirée en perspective dans le bel auditorium de Saint-Pierre des Cuisines.

Alain Cochard

(1) www.concertclassic.com/article/florian-noack-en-recital-la-fondation-vuitton-lenchanteur-de-son-compte-rendu
(2) Medtner, compositeur chez qui Noack excelle comme prouve un CD paru en 2016 : www.concertclassic.com/article/florian-noack-joue-medtner-brahms
(3) Lire l’interview de Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan, co-directeurs artistiques de Piano aux Jacobins : www.concertclassic.com/article/37eme-festival-piano-aux-jacobins-de-toulouse-nouveaux-horizons
 
Florian Noack, piano
Œuvres de Aubert, Ravel et Rachmaninov
18 septembre – 20h
Toulouse – Auditorium Saint-Pierre des Cuisines
www.pianojacobins.com

Photo Florian Noack © LNS Music