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Le Disque de la Semaine – « Chausson le littéraire » par l’Ensemble Musica Nigella (1 CD Klarthe) – Compte-rendu
Comme il l’avait déjà fait l’année précédente avec un concert Ravel (« Ravel l’exotique », Klarthe), le Festival Musica Nigella (qui a été à l’origine en 2010 de la formation de l’Ensemble Musica Nigella, photo, placé, comme le Festival, sous la direction de Takénori Némoto) a immortalisé en disque (1) une soirée de son édition 2019 – la 14e. Concertclassic y était présent (2) et vous avait fait part de la cohérence et de la réussite d’un programme Ernest Chausson dans lequel deux compositions célèbres, la Chanson perpétuelle et le Concert Op.21, tenaient compagnie à des extraits de la rarissime – et pourtant si belle ... – musique de scène pour la Tempête de Shakespeare.
Chanson perpétuelle op. 37 (ext.)
Confronter le souvenir d’un concert avec la trace que les micros ont pu en conserver est un exercice toujours délicat. Il s’avère pleinement convaincant avec un enregistrement où l’on retrouve le charme profond d’un bain de poésie musicale dont les couleurs correspondent idéalement à l’univers esthétique de l’artiste français.
La Tempête, Air de danse (ext.)
La Tempête, Duo de Junon et Cérès (ext.)
La Chanson perpétuelle – dernière partition achevée de l’artiste – saisit immédiatement par le caractère douloureux et intensément vécu que lui apporte Eléonore Pancrazi. Après la plainte d’un cœur désolé, changement complet d’atmosphère cinq extraits de la musique de scène pour Tempête de Shakespeare, pages que l’on découvre dans la reconstitution (réalisée par Takénori Némoto) de la version, aujourd’hui perdue ou introuvable, pour flûte, violon, alto, violoncelle, harpe et célesta. « Un îlot de fraîcheur dans la production dramatique du musicien » : on songe à la juste formule de Jean Gallois (auteur d’un irremplaçable Ernest Chausson pour Fayard en 1994) au sujet de la Tempête en découvrant le travail de T. Némoto et ses musiciens, finement ouvragé (merveilleuse flûte d’Anne-Cécile Cuniot !), tandis que, pour la partie vocale, Louise Pingeot et Eléonore Pancrazi se montrent aussi justes stylistiquement que complémentaires dans le coloris vocal.
Concert op. 21, Sicilienne (ext.)
Conclusion instrumentale avec le Concert op. 21 (Pablo Schatzman est au violon solo, Jean-Michel Dayez au piano) dont la conception tout à la fois poétique et ardente, lumineuse et déliée, traduit bien l’esprit d’une musique que Chausson coucha sur le papier réglé après s’être plongé dans le répertoire français des XVIIe et XVIIIe siècles.
Alain Cochard
(1) 1 CD Klarthe Records K102 / www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/recitals/chausson-le-litteraire-detail
(2) www.concertclassic.com/article/14e-festival-musica-nigella-une-perle-sur-la-cote-dopale-compte-rendu
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