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Alexandre Kantorow, Nicolas Bringuier et le Scottish Chamber Orchestra à la Fondation Louis Vuitton – Soirée de lumière – Compte-rendu
Après s’être souvent présenté en récital depuis l’automne dernier, le piano s’est fait concertant lors de la conclusion de la saison musicale de la Fondation Louis Vuitton avec la première mondiale de L’espérance de l’aube de Guillaume Connesson – une commande de la Fondation. Le troisième ouvrage concertant pour piano de l’artiste, après The Shining One (1989) et le Concertino (2013), déborde de luminosité et traduit un hédonisme sonore ouvertement revendiqué, à rebours de l’anémique et poseuse grisâtrerie d’une certaine création contemporaine.
Une œuvre que l’on n’aura que mieux goûtée, entourée de deux réalisations accordées à son caractère. Trop rarement donnés, les Masques et Bergamasques op. 112 de Fauré, ouvrent le programme, d’une remarquable finesse de trait dans l’interprétation un brin distancée et pleine de charme qu'en signe Lionel Bringuier, à la tête d’un Scottish Chamber Orchestra très investi Et quel soin apporte-t-il aux nuances de la délicate Pastorale conclusive, qui prépare on ne peut mieux à ce qui va suivre.
Lionel Bringuier © DR
Le caractère pastoral singularise en effet aussi le premier mouvement de L’espérance de l’aube, dans lequel le sens de la couleur de Guillaume Connesson s’exprime pleinement. Le poétique échange entre le soliste et l’orchestre se fait d’autant plus prégnant que, d’un côté comme de l’autre, les interprètes distillent les timbres avec un art complice. Et préparent à l’envol d’un scherzo que le toucher léger et intense de Kantorow fait idéalement bondir ! Lyrique, le mouvement lent, dans sa dernière section, projette l’auditeur vers la jubilatoire explosion de couleurs et de rythmes d’un finale ivre de bonheur et d’éclat virtuose, que le pianiste transcende avec les moyens que l’on sait. Accueil particulièrement chaleureux et enthousiaste de l’auditoire, gratifié de la Cançon n° 6 de Mompou en bis.
Luminosité encore, et vigueur avec la Sinfonietta de Poulenc dont Bringuier et les musiciens écossais offrent une interprétation vivante, nerveuse mais jamais sèche (le Molto vivace !), tendre et fruitée aussi dans son Andante cantabile. Musique heureuse ... et heureuse rencontre entre notre Poupoule national et les timbres épanouis d’un orchestre de premier ordre que l’on espère vite retrouver à Paris ! Soirée de lumière jusqu’au bout : le Scherzo du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn fait office de bis, scintillant et aérien.
Alain Cochard
Paris, Auditorium de la Fondation Louis Vuitton, 22 juin 2023
Photo © Sasha Gusov
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