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Simone Lamsma, Jaap van Zweden et l’Orchestre Philharmonique de Radio France – Intense – Compte-rendu
Programme ambitieux à l’Auditorium de Radio France et, que ce soit avec le Concerto pour violon de John Adams ou la Symphonie n°1 « Titan » de Gustav Mahler, difficile d’en sortir indemne. La soirée débute par l’unique concerto pour violon du compositeur américain sous l’archet de Simone Lamsma, accompagnée par Jaap van Zweden à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. C’est la première fois que la Néerlandaise – acclamée sur les plus grandes scènes – le donne en concert. Pourtant, la facilité déconcertante avec laquelle elle s’attaque à cette partition (de 1993) pourrait nous laisser croire le contraire.
Dès les premières mesures, une atmosphère sombre s’installe. L’urgence est déjà palpable au commencement d’un premier mouvement qui se referme sur de brefs et fiévreux motifs saccadés, typiques de la musique minimaliste américaine. Puis la chaconne (intitulée Le corps à travers lequel s’écoule le rêve) ponctuée de tintements de cloche, nous transporte dans un paysage onirique et mystérieux. Simone Lamsma se fond davantage dans l’orchestre où les deux synthétiseurs soutiennent un discours enivrant. C’est terriblement beau et d’un lyrisme qui trahit la passion de John Adams pour l’opéra. Enchaînement avec le finale ; ce tourbillon rythmique, de plus de sept minutes, témoigne d’une virtuosité rare. Les coups d’archets de la soliste sont expressifs, sans rien sacrifier à la précision nécessaire. On peut la croire lorsqu’elle déclare qu’il s’agit du concerto « le plus intensif » qu’elle connaisse !
Nous n’avions d’yeux que pour elle durant la première partie de concert, pourtant, son compatriote, Jaap van Zweden, était également très attendu. L’actuel directeur musical du New York Philharmonic (jusqu’en 2024 ; il rejoindra bientôt l’Orchestre Philharmonique de Séoul) dirige peu souvent en France. Pour ses débuts avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, il a choisi la Symphonie « Titan » de Mahler (créée en 1889 puis remaniée en 1896). Les trompettes cachées dans les coulisses en fond de scène, la clarinette joueuse de Nicolas Baldeyrou et les cordes dansantes démontrent, dès les premières minutes, la grande forme d’un orchestre visiblement heureux de se sa rencontre avec Jaap van Zweden.
Après le Kräftig, bewegt, la marche funèbre et son thème, tiré du traditionnel Frère Jacques, embarque un à un les musiciens. Tout est ici appréciable : le tempo, le rebond et la liberté du splendide violon solo de Yi Yoon Park, et le résultat admirable sous une battue aussi fervente que précise. De la précision, il en faut pour le grandiose finale. Cette fresque titanesque se clôt magistralement : la flûte de Mathilde Calderini appelle une dernière fois la nature avant que les cors ne se lèvent. Et le public aussi !
Marion Guillemet
17 novembre 2023, Paris, Auditorium de Radio France
Concert à la réécoute sur France Musique : hwww.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-du-soir/titanesquement-symphonique-jaap-van-zweden-dirige-le-concerto-pour-violon-de-john-adams-et-la-1ere-de-mahler-5403895
© Dimitri Scapolan
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