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Les 20 ans de Prades au TCE - Une interview de Michel Lethiec, directeur du Festival de Prades
Avec un original programme intégralement français, le prochain concert de Prades aux Champs-Elysées (le 16 mars) fait un clin d’œil au centenaire de la salle de l’Avenue Montaigne. Concertclassic en a profité pour interroger Michel Lethiec, clarinettiste et directeur du Festival de Prades dont 2013 marque la 61e édition – et le 40ème anniversaire de la mort du violoncelliste catalan.
Vous fêtez cette saison le vingtième anniversaire de la présence du Festival de Prades au Théâtre des Champs-Elysées. Quel bilan en tirez-vous ?
Michel Lethiec : Un bilan moral d’abord. Le Festival rime avec longévité, à Prades évidemment où la manifestation fondée par Casals dure depuis plus de six décennies. Quant au TCE, nous y sommes présents depuis vingt ans, grâce à l’amitié avec Alain Durel, puis avec Dominique Meyer, et les choses se passent pour le mieux depuis l’arrivée de Michel Franck. Tout cela avec pour trait d’union Francis Lepigeon (directeur adjoint du TCE ndlr), présent depuis le début de l’aventure du Festival à Paris. Dans un monde où les choses changent parfois très vite, cette continuité, cet ancrage dans la durée me procurent un grand bonheur.
Comment avez-vous conçu la programmation des trois concerts de la 20ème édition de Prades au TCE ?
M. L. : Cet anniversaire correspond au centenaire du TCE et j’ai voulu jouer avec cette coïncidence. Le premier programme, en janvier, était consacré à des Opus 20. Le concert du samedi 16 février est pour sa part dédié à cinq compositeurs français (Dukas, D’Indy, Debussy, Saint-Saëns, Fauré) qui ont dirigé chacun l’une de leurs œuvres lors du concert d’ouverture du théâtre en 1913. J’ai réuni des pages de musique de chambre de ces auteurs : elles seront interprétées par Barry Douglas, Ilya Gringolts, Nobuko Imai, Arto Noras, Patrick Gallois, Hervé Joulain et Xavier de Maistre. Le troisième concert (le 12 juin) sera construit autour du ballet, genre emblématique du TCE s’il en est, avec des partitions de Stravinsky, Debussy, Milhaud et Falla.
Après Paris, Prades sera bientôt en Corée…
M. L. : Le Festival est présent là-bas pour la deuxième année. Nos activités à l’étranger sont nées à peu près au même moment que Prades au TCE. Nous avions commencé par le Japon, puis ont suivi les Etats-Unis, le Brésil, etc. Le public coréen accueille très bien la musique de chambre et Prades et Casals - interprète dont le nom est très présent en Asie. De son vivant, Casals avait déjà un fan club de plusieurs milliers de personnes à Tokyo. Ce qui me fait plaisir c’est que nous allons à nouveau jouer de la musique contemporaine, coréenne en l’occurrence, en Corée L’an dernier à Séoul, nous avons déjà eu la joie de donner deux créations devant un public de près de 2000 personnes.
Vous me fournissez une parfaite transition avec le prochain Concours International de Composition de Prades dont la finale se tiendra le 6 avril. Pouvez-vous en rappeler les principales caractéristiques ?
M. L. : Cette compétition biennale en est à sa 5ème édition. Il me paraît important d’insister sur le fait que seules des pièces inédites peuvent concourir. Nous avons cette fois reçu une quarantaine de pièces écrites spécialement pour le Concours ; nous sommes donc à l’origine d’une quarantaine de créations car ces morceaux, même non retenus par le jury, ont été écrits et seront pour la plupart joués un jour ou l’autre. Chacun des jurés lit individuellement les pièces en compétition, un classement est établi et les trois compositeurs arrivés en tête sont invités à Prades où chacun travaille pendant trois jours son œuvre avec l’Ensemble Calliopée, qui en assure l’exécution. Un Grand Prix, d’un montant du 12 000 €, est attribué au vainqueur.
J’insiste sur le fait que le jury est mixte : il comprend à la fois trois compositeurs indiscutables qui, cette fois, sont Marc-André Dalbavie, Toshio Ozokawa et Jörg Widmann, et quatre instrumentistes : Arto Noras et Vladimir Mendelssohn pour les cordes, Barry Douglas pour le piano et moi-même pour les vents. Cette confrontation d’avis de compositeurs et d’instrumentistes me semble très profitable.
Quels sont grandes lignes du prochain Festival de Prades qui se tiendra du 26 juillet au 13 août ?
M. L. : La 61ème édition est bâtie autour du thème des rencontres, décliné de façon très variée lors des concerts à Saint-Michel de Cuxa, comme dans les autres lieux de la région que le Festival irrigue. Je me suis par exemple amusé à évoquer des rencontres autour de Casals. 2013 marque le 40ème anniversaire de la mort du violoncelliste, mais aussi de celle de Picasso - et de Neruda. J’ai imaginé un programme autour des deux Pablo, avec des compositeurs tels que Mompou, Stravinski (qui a écrit une très brève pièce pour clarinette solo « pour Pablo Picasso » à l’époque des Trois Pièces), Poulenc, Turina. Autre exemple: j’ai retrouvé des programmes qui étaient donnés à Londres, chez Artur Rubinstein, avec Thibaud et Casals, et j’ai repris l’un d’eux pour évoquer la rencontre de ces trois artistes.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 10 février 2013.
Prades aux Champs-Elysées
Barry Douglas, Ilya Gringolts, Nobuko Imai, Arto Noras, Patrick Gallois, Hervé Joulain, Xavier de Maistre
Œuvres de Dukas, D’Indy, Debussy, Saint-Saëns et Fauré
16 février 2013 - à 20h
Théâtre des Champs-Elysées
Tournée du Festival de Prades en Corée
Du 20 février au 1er mars 2013
61ème Festival de Prades
Du 26 juillet au 13 août 2013
Programmation détaillée sur : www.prades-festival-casals.com
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Photo : Nemo Perier Stefanovitch
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