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Philippe Jordan et l’Orchestre de l’Opéra National de Paris - Quelle vie de héros ! - Compte-rendu
Avec l’Orchestre de l’Opéra National de Paris en concert, on éprouve à chaque fois le même sentiment de plénitude instrumentale. Ce fut le cas pour le programme dirigé par Philippe Jordan qui comprenait le Triple Concerto de Beethoven et Une vie de héros de Richard Strauss.
Partition hybride, le Triple Concerto de Beethoven ne possède pas, de prime abord, la même unité que d’autres œuvres concertantes du Titan de Bonn. Pour lui insuffler énergie et lyrisme, il faut des solistes capables de s’élever au-delà des notes. L’accompagnement de Philippe Jordan, clair, fluide et construit est un bel écrin dont Veronika Eberle (violon), Danjulo Ishizaka (violoncelle) et Martin Helmchen (piano) ne tirent pas vraiment parti. L’exécution est d’une justesse absolue, le style impeccable et le caractère retenu évite l’emphase dans laquelle tombent souvent les interprètes. L’absence d’émotion (y compris dans le Largo) et une certaine distanciation empêchent pourtant d’adhérer totalement à cette conception trop corsetée pour le grand vaisseau de la Bastille.
Quel contraste avec Une vie de héros qui flamboie de toutes parts ! Au pupitre, Philippe Jordan traduit avec un bonheur constant toute la texture complexe de l’orchestration, dégageant toute la saveur des sonorités les plus miroitantes (la petite harmonie est à se pâmer !). Aucune boursouflure dans cette vision sans pathos (y compris dans l’épisode du combat) mais un sens abouti du tuilage des séquences, de l’articulation globale jusqu’à l’Accomplissement final. Le violon de Frédéric Laroque, pur et naturel dans ses interventions lyriques et virtuoses (les redoutables doubles notes), entre en parfaite communion avec cette vision discursive et décantée. Du travail d’orfèvre dont les héros sont ce soir les musiciens de l’Opéra en osmose avec leur talentueux chef totalement investi dans un répertoire qui lui va comme un gant. Donnée généreusement en bis, l'Ouverture des Maîtres Chanteurs, par l'étagement des plans sonores et la souplesse de l'agogique, prolonge cet état de grâce.
Michel Le Naour
Paris, Opéra Bastille, 28 mars 2013
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Photo : DR
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