Le bruit courait que la soirée allait être annulée. Les quelques nuages menaçants auront été finalement balayés par le mistral permettant aux musiciens de l’Orchestre national de France placés sous la direction alerte de Jesus Lopez Cobos d’aborder dans une sérénité à peine voilée les premières mesures d’une folle soirée puccinienne. Servit par la magnifique acoustique du théâtre antique d’Orange, le National, tout en nuance, n’aura néanmoins pas réussi à voler la vedette au couple le plus rayonnant de la scène lyrique internationale.

Roberto Alagna et Angela Gheorghiu, en parfaite symbiose, ont à nouveau su démontrer qu’ils incarnent les rodolfo et mimi de leur génération. L’incarnation est d’autant plus convaincante, indépendamment des qualités vocales confirmées par l’enregistrement paru chez Decca, que leurs présences scéniques est d’une rare crédibilité exacerbant à travers leur aura la dimension caricaturale des personnes stéréotypés de Puccini.

La mise en scène de Nicolas Joël, d’une grande lisibilité, aussi efficace dans les scènes de foule que persuasive dans les moment d’intimité, à largement contribuée au succès de la soirée. Evitant les écueils d’une reconstitution d’un Paris pittoresque, Joël a su effectivement, à partir d’une mise en place minimaliste, conférer au drame une assise historique tout en lui donnant une valeur universelle. Notons enfin la qualité du reste de la distribution avec une mention spéciale à Franck Ferrari Dans le rôle de Marcello.

Erik Verhagen

La Bohème de Puccini aux Chorégies d’Orange, le 2 août 2005.

Photo: DR

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