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Marseille - Compte-rendu : Festival de St Victor, comment finir sur une note d’excellence
Cap sur la Baltique pour le dernier volet du 39e festival de St Victor. Les organisateurs ont de nouveau misé sur la jeunesse et le talent de musiciens du nord de l’Europe avec cette fois ci l’Orchestre Symphonique d’Etat de Lituanie. Une prestation, dans son ensemble solide, a permis d’entendre un programme des plus exigeants avec notamment le Concerto de violon de Tchaïkovski.
Les débats s’ouvrent sur l’ouverture Leonore III op.72 a de Beethoven. Une splendide page épique aux envolées dramatiques et contrastées. Un tapis de velours pour le chef invité, André Bernard lui qui est un spécialiste de l'opéra. Limpidité des tutti, précision rythmique de la formation lituanienne et éloquence du discours. Toutefois, notons une sonorité des cordes un peu sèche dans les ultimes doubles fortissimi. Après cet hors d’œuvre de choix, place au soliste russe Mikhael Ovrutsky. Cet ancien élève de la Julliard School et du Curtis Institute, dont la plus célèbre diplômée n’est autre que la remarquable violoniste Hilary Hahn, possède un riche palmarès mais se produit relativement peu en France. Une facilité digitale caractérise le jeu d’ Ovrutsky : articulation idéale et dextérité impressionnante. Son vibrato est particulièrement expressif et les basses se font proche de la voix humaine.
Sa première intervention mit en évidence une sensibilité fort mature et des qualités techniques de premier plan. Ce dernier élément est indispensable dans cet exercice de haute voltige. En effet, entièrement centré sur le soliste, ce concerto le sollicite sans cesse. Toutefois, dans le premier mouvement, ses traits deviennent légers et superficiels dès que le tempo s’accélère, Une relative faiblesse qui peut passer inaperçue dans un répertoire moins ardu mais qui peut devenir problématique dès qu'il s'agit d’écriture plus virtuose. Le russe parvint néanmoins à hisser son niveau de jeu, à proposer un volume sonore davantage égal dans l’Andante Con Moto. Fenêtre ouverte sur l’âme russe, ce chant empreint de folklore, est chargé d’histoire et de sentiments à fleur de peau. L’Allegro vivacissimo fut tout autant séduisant avec des traits effrénés rapsodiques et percutants. Le violoniste offrit en bis un religieux Adagio de la sonate de Bach en sol mineur.
Après l’entracte, retour à Beethoven dans la fameuse 5e Symphonie en do mineur. Sans être inédite, l’approche fut intéressante et lisse, à quelques détails près. Des fins de mesure, dans le thème initial - absolument décisif pour ce qui suit - furent enchaînées rapidement alors qu'on attendrait plutôt une respiration de fin de phrasé marquée. Pour une oeuvre d’une telle envergure, où la tension dramatique et l’urgence même sont censées être portées à son maximum, cette symphonie du "Destin" fit parfois pale figure dans cet Allegro con brio. Les qualités instrumentales indéniables de l’orchestre s’exprimèrent davantage dans l’intemporel Andante con moto et un Presto convaincant accompagné par un chef attentif et bien présent. En bis, une Danse hongroise de Brahms jouée presto dans l’esprit ‘bon enfant’ d’un concert du Nouvel An.
Florence Michel
Marseille, Basilique Saint-Victor, le 7 décembre 2005.
Photo : DR
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