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Paris – Compte-rendu : Kent Nagano : premier concert européen à la tête de l’Orchestre Symphonique de Montréal
En septembre 2006, Kent Nagano deviendra officiellement directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM). A l’aube de cette entrée en fonction très attendue, le chef américain donnait au Théâtre du Châtelet son premier concert européen à la tête de la formation.
Voyage dans l’empire austro-hongrois, la première partie démarre brillamment avec les Danses de Galanta de Zoltan Kodaly, inspirées au compositeur par ses souvenirs d’enfance auprès des Tziganes itinérants. Kent Nagano semble avoir largement dépassé le stade de l’apprivoisement. Le geste est expressif et précis ; l’orchestre répond à la moindre de ses inflexions et montre une belle unité.
A suivre, Le Mandarin merveilleux suite tirée du ballet pantomime de Béla Bartok, partition ancrée dans l'énergie rythmique, le travail sur la scansion et le caractère obsessionnel. Sous la baguette de Nagano, le prélude produit un effet particulièrement percutant. Avec frénésie de rythmes heurtés, d’effets de klaxons et de cacophonie maîtrisée, il dépeint l’atmosphère de la grande ville, conçue comme le lieu de la violence, du vacarme et de la terreur. Le geste est nerveux, tendu, d'une grande précision analytique, soutenu par un OSM très habile dans ce répertoire.
La soirée se poursuit avec le sublime et monumental Concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur op.83 de Johannes Brahms. Nikolaï Lugansky, qui assure la partie soliste, arbore comme à l’habitude son sourire humble et princier. Sa lecture fine et sensible jusque dans le traitement exquis des nuances, se voit parfois malheureusement contrecarrée par un orchestre trop direct et pas toujours inspiré. Kent Nagano, dans l’Allegro non troppo et l’Andante, peine à élargir la phrase et à donner à l’œuvre ses justes proportions. L’Allegretto grazioso final, très réussi cependant - peut-être que les mouvements rapides conviennent mieux au chef - se conclut dans un tourbillon joyeux et triomphant.
En rappel, rien de moins que La Valse de Maurice Ravel, enlevée et délurée comme il se doit – Kent Nagano et l’OSM sont décidément très convaincants dans le répertoire XXème.
Nicolas Nativel
Photo : DR
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