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Paris - Compte-rendu - Masur sur ses terres


L’image galvaudée d’un Felix Mendelssohn, compositeur à la plume facile mais souvent superficiel, est sérieusement battue en brèche par l’exécution qu’a proposée Kurt Masur, de l’oratorio Elias dans sa version allemande de 1847. La lutte au sein d’Israël du prophète Elie, austère dans sa solitude mais énergique dans son action contre l’emprise des basses passions humaines, permet à Mendelssohn de démontrer son aptitude à l’effet dramatique se situant parfois entre le théâtre et l’église dans le sillage des grands oratorios de Haendel (Le Messie et surtout Judas Machabée). Wagner ironisait même sur Elias, considéré comme « haendelssohnien » !

Masur a prouvé durant sa carrière l’osmose qui existait entre Mendelssohn et lui, non seulement comme son successeur à travers les siècles à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, mais surtout comme interprète habité de sa musique. Avec le National, il remet sur le métier Elias, déjà donné en 2002, avec une véhémence peut-être moins grande, un sens des contrastes et un sentiment expressif très habité.

Le quatuor vocal convoqué pour l’occasion ne démérite jamais. L’Elie d’Alastair Miles (qui remplace Ludovic Tézier) est d’une solidité à toute épreuve sans posséder la stature du personnage biblique qu’il assume avec beaucoup de tenue et de sensibilité. Légèrement souffrant, le ténor Werner Güra parvient à tirer son épingle du jeu dans les quelques interventions où il est sollicité. La soprano Malin Byström durcit le ton et le timbre (des aigus plus opératiques que religieux !) et la mezzo-soprano allemande Iris Vermillion déchaîne les éléments avec un timbre un peu forcé dans les imprécations de la reine Jézabel.

Les chœurs magnifiques préparés par Michael Gläser et l’Orchestre National chauffé à blanc communient dans un même élan pendant les deux heures que dure l’oratorio. Kurt Masur, deus ex machina, ordonne avec une efficacité de grand horloger et une force indéniable l’ensemble de cette représentation d’une réelle profondeur humaine.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 11 janvier 2009

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Photo : DR

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