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Paris - Compte-rendu - Radu Lupu à Pleyel - Beethoven : retour aux fondamentaux !
Il ressemble de plus en plus aux caricatures de Raoul Pugno: le Roumain Radu Lupu s'assied bien au fond de sa chaise, bras tendus sur le clavier dont il tire une palette de couleurs dont ses cadets ne nous donnent hélas plus aucun exemple ! Ce dimanche des Rameaux; il jouait le 4e Concerto de Beethoven avec la complicité de l'Orchestre de la Radio de Berlin et de son chef Marek Janowski. Moi je veux bien tout ce qu'on veut, mais croyez moi, ça fait tout de même du bien quand on revient aux fondamentaux ! Vous me direz : c'est quoi les fondamentaux en musique ? Ne vous mettez pas la rate au court-bouillon : c'est tout simplement la partition, toute la partition, rien que la partition! Pas plus, pas moins.
Il y en a qui cherchent des poux dans la crinière de Beethoven, traquant une erreur de transcription par ci, un bémol par là... Avec Janowski, qui connaît tout, les choses sont claires d'emblée : ça n'est ni du Schumann, ni du Brahms, mais déjà plus du Haydn ou du Mozart. Alors, pas de rétroviseur et pas d'anticipation hasardeuse. C'est offrir un écrin à Radu Lupu qui n'attend que cela. S'il expose le thème initial au piano, ça n'est pas pour jouer ensuite perso : ça n'est pas son genre ! Il recherche au contraire un écho, une réponse au sein de l'orchestre. Et ça marche ! Le hautbois, le violoncelle, le basson solos vont faire assaut de caresses avec la bénédiction de Janowski qui lâche la bride une seconde.
Là où Lupu fait très fort, c'est quand il se cache pour ainsi dire derrière la flûte pour ramener le thème du troisième mouvement: il rentre masqué ! Tout cela pourrait n'être qu'afféterie: que nenni ! C'est une merveilleuse dramaturgie musicale assise sur le dialogue des timbres. C'est à la fois articulé, diaphane l'instant d'après, virtuose et profond. Lupu nous met face à l'évidence. Avec une liberté inouïe, il invente, il improvise. L'orchestre est présent, mais sans faire obstacle à sa rêverie éveillée : du très grand art.
Après un tel sommet, on est resté sur sa faim avec une Symphonie Pastorale du même Beethoven trop sage, mais où la prudence n'empêche pourtant pas le tissu orchestral de craquer par endroits, notamment du côté des cors. La preuve que les phalanges allemandes ne sont pas moins faillibles que les nôtres : une manière de consolation....
Jacques Doucelin
Paris, Salle Pleyel, le 5 avril 2009
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Photo : DR
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