Dans le cadre de la tournée européenne qu’il effectue avec l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg dont il assure la direction depuis plus de vingt ans, Valery Gergiev interprète l’intégrale des symphonies de Tchaïkovski à Pleyel. Au terme des premier et dernier concerts de ce cycle, le même sentiment prévaut : quelle différence entre la Symphonie n°1 « Rêves d’hiver » ou la Symphonie n°3, survolées, routinières, et ces recréations de la Quatrième ou de la « Pathétique », intensément vécues ! Autant Gergiev s’investit dans les symphonies ultimes, autant l’exécution des premières manque d’engagement, d’élan, laissant percevoir une mise en place plus qu’une interprétation inspirée. Les musiciens de l’Orchestre Mariinsky y montrent parfois bien des faiblesses, en particulier du côté de la petite harmonie (un hautbois approximatif, des cors embrumés).

La 4ème Symphonie bénéficie d’une tout autre densité de texture, d’une grandeur impérieuse dès les sonneries de cuivre de l’Andante sostenuto initial, qui préfigurent l’inexorable marche du fatum interrompue sporadiquement par la légèreté chorégraphique des pizzicati de cordes (Scherzo). Le déchaînement final, tellurique, crée une sensation d’angoisse d’une efficacité et d’une cohérence assumées. Le scénario se répète le dernier soir avec une 6ème Symphonie tendue, mortifère (la lenteur de l’Introduzione e Allegro), d’une pulsation obsédante (Scherzo) qui, comme souvent au terme de cet épisode, provoque les applaudissements anticipés du public. L’Adagio lamentoso final, crépusculaire, d’un lyrisme expressionniste, est un point d’orgue que Gergiev prolonge de longues secondes, bras suspendus, avant que l’euphorie de la salle ne s’exprime.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 25 et 29 janvier 2010

Programme détaillé de la Salle Pleyel

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Photo : DR