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Compte-rendu : A l’épreuve des symphonies de Beethoven - Sir John Eliot Gardiner et le London Symphony Orchestra
Le cycle Beethoven entamé il y a trois ans par Sir John Eliot Gardiner à la tête du London Symphony Orchestra vient de s’achever avec les Symphonies nos 1, 6 et 9. Après une Ouverture d’Egmont vivifiante, digne de l’assaut de Bonaparte au Pont d’Arcole, Maria-João Pires enchante par le naturel, la simplicité de son exécution du Concerto n°2 pour piano, mozartien de ton et sans apprêt. Dans le Largo, la soliste dialogue en vraie chambriste avec des vents placés juste derrière le piano. En bis, la Sonate en la majeur K. 208 de Scarlatti procure la même sensation de temps suspendu…
La « Pastorale » s’épanche aimablement avec un sentiment panthéiste, avant que l’orchestre ne s’ébroue dans un orage d’anthologie scandé par des timbales aussi présentes que suggestives. Une légère réserve sur un final où le souci du détail nuit à la liberté du propos.
Le lendemain, la 1ère Symphonie est fermement tenue par une chef qui refuse le pathos (cordes sans vibrato) et cherche davantage le caractère organique et l’urgence de la progression dynamique. Après l’entracte, la 9ème Symphonie montre Gardiner moins euphorique (sans doute les effets d’une légère indisposition) mais toujours maître des contrastes (le premier mouvement, plus que mystérieux, est un véritable chaos digne des premières mesures de La Création de Haydn). Malgré les qualités du timbalier, le Scherzo tourne en rond et l’Adagio, pris à un tempo rapide, perd en émotion ce qu’il gagne en souplesse et en fluidité. L’Hymne à la joie bénéficie du concours du superbe Monteverdi Choir, bien que les solistes (en particulier le décevant baryton-basse Vuyani Mlinde) ne laissent pas un souvenir impérissable... Gardiner semble plus préoccupé par l’effervescence rythmique (insistance à mettre en avant le style militaire et la « turquerie » de l’instrumentation) que par la dimension métaphysique du discours. La salle, debout, n’en ovationne pas moins pendant de longues minutes les interprètes et un chef à bout de force.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 30 et 31 janvier 2010
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Photo : DR
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