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Compte-rendu : Eloge de la pureté - Le Quatuor Arcanto au Châtelet
Constitué en 2002 par quatre solistes de classe internationale (les violonistes Antje Weithaas et Daniel Sepec, l’altiste Tabea Zimmermann et le violoncelliste Jean-Guihen Queyras), le Quatuor Arcanto s’est taillé une solide réputation depuis lors. Il affirme d’entrée de jeu une réelle autorité dans le Quatuor « Prussien » n°46, op 50 n°3 de Haydn. Les archets subtilement dosés imprègnent cette œuvre d’une lumière tamisée, créant un sentiment de transparence et d’élégance très présent en particulier dans le mouvement lent. Conscients sans doute de l’enjeu (Henri Dutilleux assiste au concert), les Arcanto se montrent tout aussi profonds dans l’exécution d’une grande délicatesse du Quatuor «Ainsi la nuit» du maître français. Les quatre instrumentistes associent lyrisme, jeux de couleurs et virtuosité vertigineuse grâce à un sens de l’équilibre rigoureux et souple tout à la fois.
Compositeur admiré de Dutilleux, Maurice Ravel n’a écrit lui aussi qu’un seul Quatuor d’une construction qui n’échappe pas non plus à cette interprétation intériorisée d’une tenue instrumentale sans faille (en particulier les brefs solos de violon d’Antje Weithaas ou d’alto de Tabea Zimmermann). Dégageant la pureté de la ligne plus que l’éclat rythmique, peintres plus que graveurs, les musiciens perdent quelque peu en spontanéité et en imagination ce qu’ils gagnent en perfection. En bis, le Menuet du 15e Quatuor de Mozart témoigne d’un même attachement à la beauté sonore au détriment de l’allant et du caractère chorégraphique. Faut-il toutefois se plaindre que la mariée soit si belle ?
Michel Le Naour
Paris, Théâtre du Châtelet, 14 février 2010
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Photo : DR
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