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Compte-rendu : Feu intérieur - Les Musiciens de l’Orchestre de Paris jouent Lalo et Fauré au Musée d’Orsay
Les Musiciens de l’Orchestre de Paris aiment la musique de chambre ! Ses magnifiques souffleurs ont ainsi signé il y a peu une intégrale de référence des œuvres avec vents de Camille Saint-Saëns, avec le concours des pianistes Pascal Godart et Laurent Wagschal (1). La musique française était également l’objet du programme de quatre archets issus la phalange parisienne (Eiichi Chijiwa et Gabriel Richard, violon, Nicolas Carles, alto, Marie Leclercq, violoncelle) lors d’un des derniers concerts de la saison du Musée d’Orsay – la dernière du patron de la musique en ce lieu, Pierre Korzilius, qui, au terme d’un mandat particulièrement efficace et inventif, occupera de nouvelles fonctions à la tête de l’Institut français de Düsseldorf à partir de la rentrée prochaine.
Nourri de la fréquentation des ouvrages de Beethoven, Schubert, Mendelssohn, etc. au sein du Quatuor Armingaud où il était altiste, Edouard Lalo livra son Quatuor à cordes en mi bémol majeur en 1859. Partition dense et exigeante, elle se heurta à l’incompréhension de ses contemporains et dut attendre 1884 et les riches heures de la Société Nationale de Musique pour connaître le succès. On sait gré aux musiciens de l’Orchestre de Paris d’avoir fait le choix de ce chef-d’œuvre, bien trop rare hélas au concert. Le feu intérieur et la fermeté de trait de leur interprétation induisent une tension qui ne nuit jamais toutefois à la lisibilité et à la respiration de l’ensemble. La sombre et prégnante intensité de l’Andante non troppo en ut mineur, la rageuse âpreté de l’Appassionato final nous poursuivent longtemps après que le concert s’est achevé…
Autre époque, autre esthétique avec le Quatuor op 121 de Gabriel Fauré, œuvre ultime de l’auteur des Barcarolles. Les interprètes ont le bon goût d’épargner aux deux premiers mouvements les accès de neurasthénie auxquels ils peuvent assez aisément être sujets, au profit d’une conception aussi nuancée que fermement conduite – la luminosité du jeu d’Eiichi Chijiwa fait merveille dans l’Andante –, tandis qu’une pincée d’amertume souligne avec tact l’ambiguïté d’humeur de l’Allegro final.
Alain Cochard
Paris, Musée d’Orsay, vendredi 4 juin 2010
(1) 2CD INDESENS INDE010
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Photo de l’horloge du Musée d’Orsay: DR
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