Journal
Session d’été de l’Orchestre Français des Jeunes - Une interview de Pierre Barrois, directeur de l’Orchestre Français des Jeunes
L’Orchestre Français des Jeunes est plongé depuis le 10 août dans sa session d’été aixoise sous la conduite de Kwamé Ryan, en prélude à une série de concerts à Aix, Rennes et Soissons (du 25 au 28 août), avec Roger Muraro en soliste du 2ème Concerto pour piano de Bartok. Directeur de la formation, Pierre Barrois répond à concertclassic, tant au sujet de l’OFJ que de l’OFJ Baroque - à la tête duquel Reinhard Goebel succédera à Paul Agnew l’an prochain.
En quelques mots, quels ont été les temps forts des années écoulées depuis la création de l’OFJ ?
Pierre BARROIS : L’Orchestre Français des Jeunes a été créé en 1982 afin de compléter l’enseignement donné par les conservatoires. Dès le départ il s’est agi d’un orchestre symphonique, mais durant les quinze premières années il n’y avait qu’une seule session par an, une session d’été de 4-5 semaines. Une deuxième session a été créée, un peu l’initiative de Marek Janowski à l’époque où il assurait la direction musicale de l’OFJ. Cette deuxième session se calque sur le fonctionnement des orchestres professionnels, c'est-à-dire sans répétitions par pupitre (à la différence de la session d’été) ; on y est tout de suite en tutti et l’on reprend une partie du répertoire de l’été, en y ajoutant une ou deux œuvres nouvelles.
Une évolution importante est intervenue en 2006 : la création de l’Orchestre Français des Jeunes Baroque, à l’initiative de Dominique Meyer qui était président de l’OFJ à l’époque. Au fil du temps les contacts avec nos homologues européens se sont multipliés, dans le cadre d’une fédération européenne et nous pratiquons des échanges de musiciens.
Autre point important, nous avons changé de lieu de résidence : depuis décembre 2007 nous sommes installés au Grand Théâtre de Provence que dirige Dominique Bluzet. Nous entretenons des relations très constructives avec son équipe, ce qui entraîne de nouvelles activités pour les musiciens et pour l’orchestre, notamment des concerts pédagogiques et sociaux.
Comment l’OJF est-il financé ?
P.B. : Le Ministère de la Culture demeure le partenaire majoritaire comme il l’a toujours été, même si nous nous trouvons dans un cadre de stagnation de son apport, voire de diminution si l’on tient compte de l’inflation. Mais le Ministère reste fidèle et convaincu de l’intérêt de cette formation. Nous avons eu une difficulté en 2007 quand le soutien que nous apportait le Mécénat Musical de la Société Générale (un peu plus de 10 % de notre budget) s’est arrêté après quinze ans de très bonnes relations. Cela a été compensé par les liens que nous avons maintenant avec le Grand Théâtre de Provence, mais aussi par le fait que, depuis 2009, l’OFJ est habilité à percevoir la taxe d’apprentissage. Entre 2009 et 2010, nous aurons doublé la part de la taxe d’apprentissage dans le budget de l’orchestre et elle commence à prendre un poids très significatif.
S’ajoutent par ailleurs des mécénats plus ponctuels : la Fondation HP France a par exemple soutenu l’OFJ Baroque pendant deux ans, La Fondation France Télévisions nous a soutenu l’an dernier et est à nouveau présente cette année, La Fondation Audiens l’an dernier, la Fondation SFR apporte un complément d’aide, la Spedidam également. Depuis la fin du mécénat de la Société Générale nous sommes obligés chaque année de travailler dur pour trouver des mécènes qui, les uns à côté des autres, contribuent au financement de l’orchestre.
Qu’en est-il des liens de l’OJF avec ses homologues européens ?
P.B. : L’OFJ est l’un des fondateurs de cette fédération européenne qui a été créée en 1993. Nous avons des relations très étroites avec un certain nombre d’orchestres (Autriche, Espagne, Italie, Ecosse, Irlande). Le premier rôle de la fédération, ce sont les échanges d’expériences, de contacts, pour des festivals par exemple. Les concerts que nous avons pu donner à Berlin ou à Madrid l’ont été par l’intermédiaire de la fédération. Autre initiative ce celle-ci : le Festival d’Orchestres de jeunes de Berlin, qui a lieu les 2ème et 3ème semaines d’août. Cette année pour des raisons de dates nous n’y seront pas, mais notre venue est prévue en 2011.
Nous travaillons beaucoup sur les échanges de musiciens, sur la mobilité des artistes en Europe, pour reprendre la terminologie européenne, sur le plan de la formation et de l’insertion. Les musiciens qui auront appris à être mobiles, qui auront compris qu’aller à l’étranger ce n’est pas si compliqué que ça, dans quelques années lorsqu’ils de demanderons « où vais-je travailler ? », ils passeront un concours à Paris aussi bien qu’à Berlin ou à Munich et ça ne fera pas de grande différence pour eux. L’Union Européenne a apporté à notre fédération une subvention importante pour mettre en œuvre 150 échanges de musiciens sur 2010-2011. Nous aurons entre 70 et 80 musiciens qui participeront à ces échanges cette année. En novembre se tient une assemblée générale de notre fédération et, dans ce cadre, nous organisons un séminaire à la Cité de la musique (le 20 a priori) où nous parlerons de la mobilité des musiciens d’orchestre en Europe. Enfin, pour rester dans le domaine européen, la participation à l’OFJ est désormais validée comme mise en situation professionnelle par les pôles d’enseignement supérieur.
Quelques mots pour conclure sur l’OFJ Baroque…
P.B. : La création de l’OFJ remonte comme je vous l’ai dit précédemment à 2006. Christophe Rousset l’a dirigé durant les deux premières années et Paul Agnew en a la charge depuis. Reinhard Goebel lui succédera l’an prochain pour une période de deux ans. Avec Dominique Meyer nous avons eu envie de créer une formation au métier de musicien d’orchestre baroque, en particulier pour le répertoire français qui est très peu enseigné en Europe. L’idée était de réunir, comme c’est le cas avec l’OFJ, un « grand orchestre » au sens baroque, c'est-à-dire une trentaine de musiciens de très haut niveau, ce qu’aucun conservatoire en France ne peut faire car les départements de musique baroque ne sont pas suffisamment grands. L’OFJ Baroque est ouvert à des musiciens venant d’établissements spécialisés tels que la Schola Cantorum de Bâle, les Conservatoires de La Haye, Bruxelles, Genève et Barcelone, qui sont de gros centres d’enseignement de la musique baroque, où l’on trouve de nombreux français d’ailleurs. On constate que les « baroqueux » ont un réflexe international bien plus naturel que les instrumentistes modernes.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 22 juillet 2010
Concerts de l’Orchestre Français des Jeunes (dir. Kwamé Ryan), le 25 (Aix-en-Provence), 27 (Rennes) et 28 août (Soissons) 2010
Programme détaillé sur : www.ofj.fr
> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?
> Lire les autres articles de Alain Cochard
Photo : DR
Derniers articles
-
26 Novembre 2024Récital autour de Harriet Backer à l’Auditorium du musée d’Orsay – Solveig, forcément – Compte-renduLaurent BURY
-
26 Novembre 2024Alain COCHARD
-
26 Novembre 2024Alain COCHARD