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Compte-rendu : 5ème Festival Contrepoints 62 - Gustav Leonhardt et Paul Goussot : deux aspects de l’orgue classique français
Déployée sur quatre week-ends, la 5ème édition du Festival Contrepoints 62 permit d'entendre le même jour deux orgues classiques français on ne peut plus différenciés. Tout d'abord l'Adrien Carpentier (1745) d'Auxi-le-Château, touché par un Gustav Leonhardt dont l'approche musicale et les qualités défient le temps. Marchand et Couperin illustraient les Français – toujours aussi peu français avec Leonhardt, en cela fidèle à lui-même, sans notes inégales ni même, ou surtout, d'inégalité expressive. Mettant à profit l'une des composantes, quasi flamande, de cet instrument d'une lumineuse douceur, Leonhardt fit revivre avec bonheur des pages baroques de Kerckhoven, Fischer et Muffat. Somptueux. Vinrent en seconde partie, au clavecin (subtile copie du Rückers d'Unterlinden à Colmar), Reincken, Purcell (Hornpipe plus jumping que nature), d'Anglebert, Pachelbel – et le tout jeune Bach de l'Aria variata BWV 989 : comme si la gravité terrestre n'existait plus, vaincue par l'atemporelle spontanéité du toucher, la beauté et la vivacité du chant, et la concentration, fille de l'esprit et de la poésie. Où l'on eut confirmation de ce que « légende vivante » veut dire.
Puis les festivaliers prirent la route de Tournehem-sur-la-Hem, où l'orgue purement français (1755), d'une présence affirmée, domine un impressionnant mobilier. Sébastien Mahieuxe, directeur artistique du Festival, a souhaité réunir l'organiste Paul Goussot(photo), titulaire du Dom Bédos (reconstruit) de Sainte-Croix de Bordeaux, et l'Ensemble Aquilon – voix d'hommes uniquement, tous solistes issus de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, avec à l'orgue continuo Yves Castagnet, organiste de chœur de la cathédrale, et à la viole de gambe Anne Garance Fabre dit Garrus : non pas simple juxtaposition de motets et de versets d'orgue, en l'occurrence improvisés, mais véritable alternance au sens d'un dialogue fécond entre voix et instrument. À Charpentier (dont un vertigineux Salve Regina), Couperin (Tantum ergo), Campra (In te Domine spes) mais aussi Andreas d'Ath (Liège, XVIIe s. – trop bref O Aeternitatis aux accents d'une fulgurance montéverdienne) répondirent la maîtrise et l'aisance inouïes ainsi que l'inventivité de Goussot, se pliant d'abord à la manière stricte d'un Livre d'orgue français avant de témoigner d'un ton plus personnel, bien que dans ce contexte stylistiquement défini, restitué et respecté sans contrainte. Un concert d'une formidable générosité, tout en prises de risques assumées, devant un public au souffle suspendu.
5ème Festival Contrepoints 62 - Auxi-le-Château (après-midi) et de Tournehem-sur-la-Hem (soirée), samedi 2 octobre 2010
Contrepoints 62 – Édition 2010 (jusqu’au 10 octobre)
http://www.musiques62.fr/Reportages/Spectacles-et-festivals/Contrepoints...
Centre de Musique Ancienne et orgue d'Auxi-le-Château (Pascal Lefrançois, son titulaire, y a gravé un CD Couperin avec l'ensemble baroque Le Triomphe de Neptune) http://www.mirabilia.fr/
Paul Goussot
http://www.notredamedeparis.fr/Recital-d-Orgue-L-ART-DE-L,969
Ensemble Aquilon
http://www.ensemble-aquilon.com/
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