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Fin du cycle Mahler de Valery Gergiev - Un art assumé de l’improvisation - Compte-rendu
Durant trois jours, Valery Gergiev et son Orchestre Symphonique de Londres ont investi la Salle Pleyel pour achever son intégrale des Symphonies de Mahler. Toute interprétation de ce chef charismatique ne peut laisser indifférent par un investissement et un engagement dans l’instant qui peuvent, du jour au lendemain, dégager des impressions divergentes comme si la musique, toujours recommencée, vivait intensément des sommets et des abysses.
Dans la Symphonie n°7 « Chant de la nuit », le premier soir s’annonce chaotique dans les entrelacs d’une partition dont Gergiev ne parvient pas toujours à dénouer les fils (Rondo-Finale) malgré la remarquable adaptabilité d’une formation capable de se mouler dans ses tempi fluctuants. Les deux « Musiques nocturnes » bénéficient de la qualité des instrumentistes au jeu à la fois souple et fluide, mais les mouvements extrêmes, parfois bousculés, ne profitent guère de la virtuosité de chacun (en particulier du timbalier impressionnant de précision et de maîtrise). Avec la Troisième Symphonie, un même sentiment d’irrégularité se fait jour avec des moments de grâce, de poésie (les interventions ailées de la mezzo suédoise Anna Larsson dans le lied « O Mensch ! Gib Acht !»), d’entrain jubilatoire (l’élan du chœur des jeunes garçons du Collège d’Eltham), mais aussi un manque de souffle et un final trop allant.
Conclusion en apothéose, en revanche, avec le dernier concert : l’Adagio de la Dixième Symphonie souverainement phrasé et d’une ductilité éloquente (les contrebasses !), mais surtout une Neuvième Symphonie qui semble se construire de manière cursive (Andante commodo), tendue comme un arc (Rondo-Burleske) et un Adagio final aux limites de l’implosion disparaissant dans le murmure des cordes en apnée. Gergiev, après le tumulte et les orages désirés, retrouve une intériorité dans cet adieu mahlérien fait également au public de la Salle Pleyel.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 26, 27 et 28 mars 2011
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Photo : DR
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