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L’Heure espagnole à L’Académie Ravel de Saint-Jean-Luz - Délice miniature - Compte-rendu
L’événement lyrique français de ce début septembre ne se s’est pas déroulé à Paris, mais à l’Académie Internationale Maurice Ravel de Saint-Jean-de-Luz. Dans le cadre la chapelle des Récollets de Ciboure – pile poil en face de la maison natale de Ravel ! – on découvrait en effet en création une version pour petit ensemble instrumental de L’Heure espagnole réalisée par un surdoué de la jeune génération française, Jean-Frédéric Neuburger (25 ans). Un spectacle co-financé par l'Académie Musicale de Villecroze et l'Académie Ravel.
Rien d’une réduction « du pauvre » avec cet arrangement intelligent, profondément attentif à l’esprit tellement français, à la vitalité et à la respiration de l’ouvrage du tandem Franc-Nohain/Ravel. J.F. Neuburger dirige deux représentations qui, pour la partie instrumentale, rassemblent Iris Zerdoud (clarinette), Samika Honda (violon), Marion Platero (violoncelle), Lutxi Nesprias et Guillaume Sigier (piano à quatre mains), tous élèves de l’Académie (à l’exception de la première, la clarinette n’y étant pas enseignée). C’est là une preuve de l’imbrication de ce stimulant projet lyrique dans les activités du célèbre rendez-vous pédagogique luzéen et il en va de même côté vocal puisque tous les chanteurs participent par ailleurs au stage animé par François Le Roux.
Aussi grand pédagogue qu’interprète, ce dernier a su préparer de jeunes artistes qui, d’un bout à l’autre de l’oeuvre, savourent les mots - et les sous-entendus coquins - de Franc-Nohain avec un bonheur aussi évident que communicatif. Nul ne tire la couverture à soi et c’est dans un vrai esprit de troupe que ce que J.F. Neuburger qualifie de « comédie musicale « de salon » prend vie, avec des personnages impeccablement dessinés. Impayable Concepcion de Maria Gegechkori (photo), à l’évidence ravie de céder au tonique et sexy Ramiro de Mickaël Guedj (photo), Gonzalvo très poète délicat et naïf de David Ghilardi, Iñigo extrêmement sûr de sa « surface » de Geoffroy Buffière, Torquemada étonnant de Ronan Meyblum, dont l’incarnation apporte une note d’étrangeté et d’ambiguïté à ce qui n’est pas que comédie…
« Mise en espace de François Le Roux » annonce le programme, trop modeste. Dans un décor de Marc Claerbout, aussi léger que bien conçu, le baryton signe une vraie mise en scène servie par une direction d’acteur impeccablement réglée et d’un piquant dénué de toute vulgarité. Certains faiseurs pourraient en prendre de la graine... Pareille modestie des moyens met en valeur l’intime compréhension d’une partition – ou, à l’inverse, le vide des idées. Noirs ou gris anthracite les costumes de Pierre Martinez participent aussi d’une réussite qui possède la saveur des choses simples.
Un délice miniature que l’on aura dégusté le dimanche midi lors de la seconde représentation d’une production appelée à circuler : Levallois Perret (2/10), Journées Ravel de Montfort l’Amaury (8/10), Musicales d’Arles (16/10) et Festival de Pâques de Deauville (14/04/2012). Et ce ne sera à coup sûr que le début : gageons que cette Heure espagnole « version Neuburger » est promise au même succès que la réduction, tout aussi convaincante, que Didier Puntos a réalisée de L’Enfant et les sortilèges (pour une formation instrumentale presque identique ; la flûte remplaçant la clarinette). D’ailleurs pourquoi ne feraient-elles pas équipe ? On oubliait de citer Philippe Biros et Jeff Cohen, pianistes chefs de chant très impliqués depuis l’origine dans le projet, qui seront au clavier lors des diverses reprise du spectacle.
Ce spectacle mis à part, le temps trop bref passé en terre ravélienne ne nous autorise pas à commenter les prestations des stagiaires de l’Académie. La session 2011 s’est terminée par la traditionnelle remise des prix et l’on pourra découvrir la liste des lauréats sur : www.academie-ravel.com. Une certitude cependant : il est des noms de chanteurs, d’instrumentistes et de quatuors dont vous allez sûrement entendre parler bientôt…
Alain Cochard
Ravel : L’Heure espagnole (arrangement de J. F.Neuburger) – Ciboure, chapelle des Récollets, 11 septembre 2011.
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Photo : Alain Cochard
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