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Coup de cœur Carrefour de Lodéon & Concertclassic - Ensemble Initium - Du souffle et du talent !
Formé au Conservatoire de Paris par Maurice Bourgue, l’Ensemble Initium fait honneur à la réputation des vents français. Fidèle du Festival de Pâques de Deauville depuis 2007, la sympathique bande de souffleurs a livré l’an dernier un superbe enregistrement Onslow, réalisé avec la complicité de l’Ensemble Contraste. Avec ce dernier à nouveau, Initium vient de signer un non moins étonnant CD Koechlin, tout juste paru, qui fait une fois de plus le bonheur des curieux. A quelques jours de la participation d’Initium au 30ème Festival de l’Epau (le 25 mai), le clarinettiste François Lemoine se fait le porte-parole de ses collègues et répond à Concertclassic.
Comment l’Ensemble Initium est-il né ?
François Lemoine : L’aventure a commencé en 2004-2005 au Conservatoire de Paris dans la classe de musique de chambre de Maurice Bourgue – ce qui était plutôt un bon point pour démarrer… C’est un professeur que nous n’avons eu qu’une seule année car il est ensuite parti à la retraite, mais nous avons beaucoup appris de lui sur la manière de travailler. Il était d’un exigence - d’une intransangeance parfois même - extrême quant à ce qu’il attendait de nous.
L’Ensemble n’est cependant pas votre unique occupation…
F. L. : Nous avons en effet quasiment tous des activités orchestrales en parallèle. Je suis pour ma part clarinettiste dans les orchestres de la Garde Républicaine, d’autres collègues sont au Philharmonique de Radio France, à l’Opéra de Marseille, à l’Opéra de Toulon, ou encore dans la Musique de l’Air de Paris. Seuls deux d’entre nous ne sont pas attachés à une formation particulière.
Initium est un ensemble à géométrie variable : combien de membres compte-t-il dans sa formation de base ?
F. L. : La formation de base est le nonette (l’effectif de la Petite Symphonie de Gounod : une flûte, deux hautbois, deux clarinettes, deux cors, deux bassons), ce qui nous permet de naviguer entre le quintette et de plus grands effectifs. En rajoutant des musiciens supplémentaires, nous pouvons aller jusqu’aux deux Sonatines pour seize instruments à vent de Richard Strauss, que nous avons données il y a quelques années au Festival de Pâques de Deauville.
Vous faites là référence à un festival qui a contribué à faire évoluer et à faire connaître votre ensemble…
F. L. : Nous devons en effet beaucoup à son directeur artistique, Yves Petit de Voize. Après la formation de l’Ensemble et la sortie du Conservatoire, il était essentiel d’avoir des concerts, des occasions de nous retrouver pour travailler, ce qui a été rendu possible grâce à la Fondation Singer-Polignac et au Festival de Deauville. Depuis 2007, ces rendez-vous ont aussi été l’occasion de travailler des répertoires que nous n’aurions pas abordés aussi tôt dans d’autres circonstances – des œuvres où nous sommes parfois ausssi mêlés à d’autres instruments, cordes ou piano. Deauville (que ce soit à Pâques ou pour l’Août musical) est un lieu où nous nous sommes retrouvés tous les ans depuis 2007. Nous nous y sentons en famille et cela a beaucoup contribué à nous fédérer. Au rubgy, il faut que l’équipe vive ensemble pour réussir de belles choses ; c’est pareil en musique.
Le répertoire pour ensembles de vents comporte des œuvres étonnantes et souvent méconnues. C’est le cas de la musique du Français George Onslow (1784-1853), objet de votre premier enregistrement, paru chez Timpani en 2011(1). Pourquoi le choix de cet auteur ?
F. L. : C’est par l’intermédiaire de Stéphane Topakian, directeur du label Timpani que, un peu par hasard, nous avons découvert un certain nombre d’œuvres d’Onslow. Séduits, nous avons eu envie de nous lancer dans ce projet. Nous avions toutefois déjà joué quelques années plus tôt le Quintette op 81 et Nonetto op 77 pour vents, cordes et contrebasse dans une adaptation un peu curieuse pour vents, contrebasse et piano. Nous avons été heureux de retrouver ces œuvres. Y revenir quelques années plus tard et les travailler dans la perspective d’un enregistrement à renforcé notre conviction qu’il s’agit d’une musique vraiment intéressante qui mérite d’être connue. En plus du Quintette op 81 et du Nonetto op 77, nous avons enregistré le Sextuor op 30 et le Septuor op 79.
Onslow est un musicien original, entre le romantisme allemand de Mendelssohn et la musique française, et d’autant plus intéressant qu’à cette époque c’est le désert en matière de musique pour vents. Onslow est un sorte de chaînon manquant : le fait de l’avoir travaillé après avoir abordé des compositeurs de la fin de XIXe nous à fait comprendre l’intérêt de son apport.
Après Onslow, c’est à un autre compositeur français méconnu, Charles Koechlin (1867-1950) qu’Initium consacre son nouveau disque(2) …
F. L. : Méconnu pour le public sans doute, mais les instrumentistes à vent, les hautboïstes en particulier, connaissent le nom de Koechlin dont l’abondante production (226 numéros d’opus !) fait place aux vents - mais on entend bien rarement cette musique en concert. Timpani caressait depuis longtemps ce projet Koechlin ; il nous l’a soumis et nous nous y sommes lancés avec enthousiasme. Ça a été l’occasion pour moi de découvrir des œuvres dont j’ignorais jusqu’à l’existence, telle la Sonate à sept op 22, pour clavecin, flûte, hautbois et cordes.
La musique de Koechlin présente souvent un climat calme, rêveur, méditatif (les Paysages et marines op 63b en sont un bel exemple) ; on pourrait parler d’impressionnisme musical tardif, avec un langage harmonique parfois très surprenant.
Comme le double album Onslow, le CD Koechlin à été réalisé avec la complicité de l’Ensemble Contraste : pourquoi avoir choisi ce partenaire ?
F. L. : Nous avons connu les musiciens de l’Ensemble Contraste à la Fondation Singer-Polignac et à Deauville. Lorsqu’il s’est agi de trouver des partenaires pour nos enregistrements, c’est naturellement vers eux que nous nous sommes tournés. Ils sont dans le même état d’esprit que nous, curieux et à la recherche d’autre chose que le répertoire traditionnel.
Quels sont vos projets discographiques ?
F. L. : L’année 2012 est assez chargée sur ce plan. Un disque Escaich est en cours de réalisation pour le label Indésens: il comprendra le premier enregistrement de l’Octuor à vent, mais aussi le Quintette à vent et, œuvre plus récente, le Sextuor pour vents et piano. Nous avons par ailleurs un enregistrement Caplet en vue pour Timpani : le Quintette pour vents et piano, la Légende pour saxophone et petit ensemble et la Suite persane pour dixtuor.
Le public du 30ème Festival de l’Epau aura l’occasion d’entendre Initium à deux reprises le 25 mai prochain…
F. L. : Il s’agit de deux programmes dans des répertoires différents. A 18h30, un « Concert apéritif », avec le pianiste Guillaume Vincent, propose des œuvres pour quintette vents et piano de Jean-Françaix (2012 marque le centenaire de la naissance de ce compositeur originaire du Mans), Albert Roussel et Ravel (une version pour piano et vents de Ma Mère l’Oye). Le soir, l’Ensemble sera en grande formation dans un programme comprenant Debussy (Petite Suite), Caplet (Suite persane), D’Indy (Chansons et danses op 50) et, œuvre redécouverte récemment que nous avons donnée au Palazetto Bru-Zane à Venise en février dernier, la Suite dans le style ancien op 127 pour septuor de Mel Bonis.
Propos recueillis le 9 mai 2012, par Alain Cochard
2 CD Timpani / 2C21185
1 CD Timpani / 1C1193
L’Ensemble Initium au Festival de l’Epau ( Le Mans)
25 mai 2012
-18h30 ( Magic Mirror/Le Mans), avec Guillaume Vincent (piano)
-20h30 (Dortoir des moines, Abbaye de l’Epau/Yvré L’Evêque)
Site du Festival de l’Epau : www.festivaldelepau.com
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