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Le Alvin Ailey Dance Theater au Châtelet - Vivace - Compte-rendu
Revoir cette troupe bondissante, survitaminée, accrocheuse, athlétique et débordante d’enthousiasme est toujours un moment revigorant : les danseurs d’Ailey ont un public de fans et l’accueil qui leur est réservé tient du triomphe. Pourtant il n’y a pas moins de 24 représentations dans le cadre des Etés de la Danse. Corps en gloire donc, alors même que la compagnie après avoir travaillé sous la direction de Judith Jamison après la mort d’Alvin Ailey, se situe aujourd’hui à un tournant, s’ouvrant notamment à la danse de rue, ce hip-hop auquel une partie de l’enseignement de l’école est désormais consacré. Loin est le temps de Revelations, ce chef d’œuvre emblématique d’Ailey qui mit le ballet sur orbite mondiale.
Place donc à Rennie Harris, maître du genre, à Robert Battle, le nouveau directeur, et à Camille Brown, nouvelle venue dans la sphère chorégraphique. Place aussi à Paul Taylor, dont les danseurs d’Ailey dansent le fameux Arden Court, sur la musique triomphale de William Boyle. Et là apparaissent les limites de la troupe : pour danser Taylor, il faut être élastique, bondissant comme un ressort, avec pour substance la seule exultation de l’âme habitée par la musique. Impossible d’oublier les corps puissants, trop puissants, des danseurs noirs, le caractère sauvage de leur danse, la force de leurs bonds. Magnifique, mais aux antipodes de Taylor !
Pour le reste, au sein d’un programme qui puise alternativement dans une série de pièces, on a été peu convaincu par le Urban folk dance, signé Dove, dont la provocation sur le mode quotidien avait un air démodé, et plus intéressé par Home de Harris, répétitif et alluré, mais qui ne pousse pas assez ses avantages. Mais que résonnent les premiers appels des Gospels qui sous-tendent Revelations, et l’émotion, la beauté explosent. Perfection dans l’alternance de séquences de genre ou purement méditatives, perfection des danseurs qui continuent de porter cet héritage religieusement. Bref, c’est encore dans les champs de coton que le ballet d’Alvin Ailey continue de faire sa meilleure cueillette, depuis 52 ans : c’est précieux, et c’est dommage.
Jacqueline Thuilleux
Paris, Châtelet, 4 juillet, représentations jusqu’au 21 juillet
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Photo : DR
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