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Une interview de David Théodorides, directeur de Sinfonia en Périgord
La musique fait partie de l’art de vivre en Périgord et, avec Sinfonia, le baroque est à la fête depuis un peu plus de deux décennies. A l’approche d’un 22ème Festival dont l’affiche mêle six jours durant (27 août-1er septembre) des ensembles réputés (Arsys-Bourgogne et La Fenice, L’Ensemble Collegium 1704, La Chapelle Rhénane, etc.) et de jeunes interprètes à découvrir, David Théodorides répond à Concertclassic.
L’an dernier, Sinfonia en Périgord a été intégré à CLAP (Culture, Loisirs, Animations à Périgueux). Quel bilan en tirez-vous ?
David Théodorides : Il n’était pas simple pour un festival avec une vingtaine d’éditions à son actif de s’intégrer à une structure telle que CLAP. Mais cette association a pris toute la mesure de Sinfonia : nous avons pu poursuivre le travail qui avait été mené en direction des jeunes musiciens, la durée de la manifestation a été ramenée à six jours avec trois concerts par jour, le répertoire s’est un peu élargi. Par ailleurs nous disposons d’une équipe permanente dédiée qui effectue un très bon travail. En un mot, Sinfonia en Périgord a trouvé sa vitesse de croisière au sein de CLAP, ce qui augure bien pour l’avenir.
Comment avez-vous construit la programmation du 22ème Festival ?
D. T. : J’avais envie de poursuivre l’exploration des grandes heures de la musique baroque, mais aussi d’élargir un peu le propos du Festival, notamment avec un concert de clôture intitulé « Mozart entre ombres et lumières ». J’ai aussi cherché un équilibre entre des ouvrages très grand public – un festival est un moment fédérateur où les gens se retrouvent, parce qu’ils ont envie d’entendre où de réentendre des œuvres auxquelles des souvenirs sont associés – et des découvertes d’œuvres plus pointues, comme c’est par exemple le cas avec le programme Boësset, Moulinié et Du Mont du remarquable Ensemble Correspondances.
En pleine année Gabrieli, la venue de La Fenice et d’Arsys-Bourgogne constitue l’un des temps fort de l’édition 2012…
D. T. : Arsys-Bourgogne et La Fenice sont deux ensembles que j’aime particulièrement et la musique de Giovanni Gabrieli est absolument sublime. Pouvoir reconstituer une messe à trois chœurs, avec une vraie spatialisation, dans ce lieu merveilleux qu’est l’abbaye de Chancelade constitue une perspective très stimulante. Sinfonia se devait de célébrer le musicien fondateur qu’est Gabrieli ; il a ouvert tellement de portes à ceux qui lui ont succédé… Il était important de lui offrir un plateau aussi exceptionnel pour ce qui est presque le concert d’ouverture du Festival.
La veille Sinfonia aura en effet commencé avec un programme Schütz du chœur Dordogne en Sinfonia. Où en est cette formation ?
D. T. : Elle commence vraiment à avoir une couleur sonore. Je rappelle qu’il s’agit d’une formation amateur qui travaille 80 heures par an sous la direction de Michel Laplénie. Etant donné que les résultats commencent à le permettre, nous avons décidé de donner cette année une œuvre complète : les Musikalische Exequien de Schütz. Dordogne en Sinfonia a fait de gros progrès en matière d’homogénéité. Les parties solistes seront quant à elles tenues par six solistes issus de l’Ensemble Sagittarius : cette rencontre entre amateurs et professionnels fonctionne d’ailleurs très bien et c’est une excellente manière d’ouvrir le Festival.
Les jeunes interprètes occupent une place de choix dans cette 22ème édition …
D. T. : Il me paraît très important qu’un festival ne s’investisse pas seulement en programmant des ensembles reconnus, avec une pâte sonore très affirmée et une maison de disques derrière eux, mais qu’il soit aussi le lieu d’expression de jeunes interprètes talentueux. Nous avons initié ces concerts de l’après-midi il y a trois ans et ces moments pleins de fraîcheur se poursuivent.
Nous recevons Opalescences, un jeune ensemble vocal plein de talent qui aussi été programmé à Beaune cette année, l’Ensemble Actéon, L’Ensemble La Quinte du loup, une formation amateur, mais aussi un jeune soliste : le claveciniste Michaël Parizot, qui se produira lors de la journée de clôture du Festival dans un programme de portraits musicaux. Ces « Concerts en liberté » (à 15h) sont un bon moyen de commencer la journée et, si on le souhaite on peut, dès 14h, assister à des rencontres avec des artistes qui se produisent en général lors des concerts du soir.
Autre jeune formation, mais déjà largement reconnue, l’Ensemble Correspondances est aussi invité …
D. T. : J’ai d’abord été particulièrement ému et touché par l’enregistrement « L’Archange et le Lys » (1CD Zig Zag Territoires, ndlr), dont le programme inspire la soirée qui sera donnée à Chancelade, et j’ai ensuite découvert Sébastien Daucé et sa formation en concert ; une expérience assez bouleversante. Je tenais à les accueillir au Festival et je me rends compte qu’ils sont programmés un peu partout. Correspondances est un ensemble qui explose littéralement, ce qui me semble on ne peut plus légitime.
Quelles perspectives pour les mois à venir et pour le 23ème Festival ?
D. T. : En ce qui concerne CLAP, nous démarrons notre saison musicale avec Anne Queffélec au mois d’octobre – on entendra par la suite Doulce Mémoire, Claire Désert, etc. Au mois de novembre CLAP change complètement de casquette avec le Salon du Livre gourmand qui unit gastronomie et littérature. En ce qui concerne l’édition 2013 de Sinfonia, de très jolies pistes se dessinent déjà : nous réfléchissons avec la Fondation Bru Zane à la production de l’opéra-ballet La Caravane du Caire de Grétry, avec Les Agrémens de Namur. Nous sommes par ailleurs en discussion avec Hervé Niquet, avec la Camera delle lacrime. On perçoit cette fois très tôt ce que sera l’édition de l’année à venir et elle présente de beaux enjeux
Propos recueillis par Alain Cochard, le 19 juillet 2012
22ème Festival Sinfonia en Périgord
Du 27 août au 1er Septembre 2012
Périgueux, Chancelade
www.sinfonia-en-perigord.com
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Photo : DR
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