Depuis 2009, Alain Altinoglu a dirigé plusieurs fois au Metropolitan Opera, mais toujours pour des reprises (Carmen, Faust, Otello). Tout est différent avec ce Werther car le chef participe pour la première fois là à une nouvelle production du Met – et à une retransmission en direct dans le cadre de la saison « The Met : Live in HD ». « Quand on arrive ici, à Vienne ou ailleurs pour faire une reprise, on se met “dans les chaussons“ d’une mise en scène qui a déjà été montée avec d’autres artistes. Ce qui est passionnant avec une nouvelle production, c’est que l’on collabore quotidiennement avec le metteur en scène, que l’on a le temps de discuter de l’interprétation, d’entrer dans les détails – tempi, couleurs, etc. C’est ce que j’aime à l’Opéra. »

 

Alain Altinoglu est à New York depuis deux semaines et demie - et à la vieille du début des répétitions avec orchestre - au moment où nous lui passons un coup de téléphone dans sa loge au Met. Il ne cache pas son bonheur de diriger dans cette institution « mythique » où il apprécie le formidable professionnalisme de chacun, « du plus modeste technicien jusqu’au Konzertmeister. Un tant qu’artiste, c’est un confort incroyable ; on travaille dans des conditions optimales. Rendons à César…, James Levine a fait de l’Orchestre du Met l’un des meilleurs au monde, poursuit-il. C’est une formation magnifique et extrêmement flexible, totalement à l’écoute des exigences du chef et très attentive aux chanteurs. »

 

Metteur en scène de la Carmen dont Alain Altinoglu avait dirigé la reprise, Richard Eyre signe le Werther que le public français découvrira au cinéma le 15 mars, dans 139 salles. Alain Altinoglu apprécie « le regard cinématographique » d’un artiste qui a plusieurs réalisations remarquables à son actif, pour le grand écran comme pour la télévision. « Comme Benoît Jacquot ou Michael Haneke, Richard Eyre a le regard particulier des gens qui ont utilisé la caméra, remarque le chef. Il a transposé l’action de Werther à la fin du XIXe siècle, dans des décors absolument géniaux de Rob Howell. Il y a aussi beaucoup de projections vidéo. »

 

Werther permet à Alain Altinoglu de retrouver des chanteurs qu’il connaît bien, à commencer par Jonas Kaufmann. « Il figurait dans la Carmen que j’ai dirigée au Met, mais aussi dans un Faust à Vienne. C’est un artiste extraordinaire – quel luxe pour un chef que de collaborer avec pareil chanteur ! -, d’une intelligence fabuleuse et d’une culture immense. Sans parler de son physique… Bref, il a un peu tout pour lui ! Quant à Sophie Koch, nous nous connaissons depuis l’époque de nos études au Conservatoire de Paris. C’est sa neuvième production de Werther et elle s’entend extrêmement bien avec Jonas Kaufmann. C’est très important pour la réussite d’un spectacle car quand des tensions existent entre les rôles principaux cela se perçoit très rapidement. »

 

Après Werther, Alain Altinoglu prendra le chemin de Philadelphie, dont l’Orchestre attend ce fervent avocat du répertoire français pour un programme Fauré et Duruflé. De retour en Europe, la curiosité pour le répertoire contemporain de l’artiste s’exprimera à l’Orchestre de la NDR de Hambourg (avec l’altiste Kim Kashkashian) dans des pages de Berio, Dusapin, etc. Avril le verra à Zurich pour Salomé, puis on le retrouvera Bruxelles, Genève, etc., avant les Festivals d’Aix et de Montpellier cet été.

 

Quant à la rentrée prochaine - excellente nouvelle pour le Conservatoire National Supérieur de Paris ! – Alain Altinoglu y prendra la tête d’une classe de direction. Heureux étudiants qui profiteront de l’enthousiasme et de l’énergie d’un artiste pas encore quadra et de l’expérience d’un de nos chefs les plus demandés sur le plan international.

 

 

Massenet : Werther

15 mars 2014

Retransmission dans les cinémas Gaumont-Pathé, Kinépolis et salles associées (139 salles en France, 19 en Suisse, 6 au Liban, 3 au Maroc)

Salles et horaires : http://www.pathelive.com

Site du Metropolitan Opera : http://www.metoperafamily.org

 

Photo @ DR