Une burletta, une petite espièglerie, voici comment Rossini qualifie L’Occasione fal il ladro qu’il compose à la fin de 1812, année trépidante qui vaudra au public péninsulaire pas moins de six opéras du Cygne de Pesaro. A vingt ans, la plume du compositeur noircit du papier à musique jour et nuit, mais justement à compter de cet ouvrage, Rossini va se réfréner.

C’est avec cette pièce délicieuse, dont l’argument peut se résumer à la substitution d’un futur époux par un usurpateur, emprunté par le librettiste Luigi Prividalli à la pièce de Scribe « Le Prétendu par hasard », occasion de quiproquos incessants, que Rossini prend congé de l’insouciance de sa première manière.  Belcanto brillantissime, son écriture fait claquer les mots ; dévié de l’intermezzo vénitien, son format bref en un acte unique l’a hélas trop éloigné des scènes.

Enrique Mazzola, à la tête de l’Orchestre National d’Île-de-France, n’en dirigera d’ailleurs qu’une exécution en concert, mais avec l’exactitude du style rossinien qu’on lui connaît, orchestre alerte et précision dans l’accompagnement des chanteurs. Et pour emmener la troupe vers le feu d’artifice d’un bel canto de pur plaisir, rien moins que Désiré Rancatore pour Berenice et Bruno Taddia pour le rusé et séducteur Parmenione. Une occasion à ne pas manquer.

Jean-Charles Hoffelé
Rossini : L’Occasione fal il ladro
Désirée Rancatore, Bruno Taddia, Umberto Chiumo, Yiye Shi, Orchestre National d’Île-de-France dir. Enrique Mazzola
13 février 2015 – 20h
Paris -  Théâtre des Champs-Elysées
www.concertclassic.com/concert/rossini-loccasione-fa-il-ladro

Photo © DR