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Alice au pays des merveilles de Florent Nagel à Créteil – Alice en excellente compagnie – Compte-rendu
Depuis sa création en août 2012 à Belle-Île en Mer, le conte musical Alice au pays des merveilles du pianiste et compositeur Florent Nagel (photo à dr.) a fait un sacré bout de chemin. Il y a peu, au Conservatoire de Lille, il franchissait le cap de la centième représentation et, à en juger par le moment que l’on a passé à Créteil, je prends le pari que le succès n’est pas près de retomber. D’autant que, renseignement pris, une exécution avec orchestre est envisageable - avis aux programmateurs de séries « jeune public ».
Le texte de Lewis Carroll constitue sans nul doute un ingrédient de premier choix (le compositeur s'est servi de la première traduction française d’Henri Bué), restait à se montrer à la hauteur de l’enjeu. Pari gagné ! L’imagination sonore, la sensibilité, l’humour, en un mot le talent de Florent Nagel ont produit un bijou de vie, de poésie et de drôlerie que l’on déguste une heure durant avec un plaisir sans mélange.
Yves Penay © DR
Les jeunes auditeurs constituent évidemment une cible privilégiée, mais l’auditoire le plus large est susceptible de se laisser séduire tant le texte de Lewis Caroll multiplie les pistes d’interprétation. Petits ou grands, les humains adorent qu’on leur raconte des histoires… La musique (pour piano à quatre mains) fait corps avec le récit de la façon la plus suggestive, et fournit un matériau de premier ordre au récitant quand, comme c’est le cas du merveilleux Yves Penay, il sait en exploiter tout le potentiel expressif.
Mais, aussi imagée soit-elle, la partition de Florent Nagel possède son autonomie. Les clins d’œil à certains compositeurs, bien trouvés et bien amenés (la 5ème de Beethoven par exemple) ajoutent du piment à la sauce sans jamais céder à la facilité du pastiche. « La musique « raconte » ce que le texte ne « dit » pas », précise l’auteur dans sa note d’intention. Nourrie de l’art du nonsense de l’écrivain britannique, elle colle parfois de près au texte et, soudain, élargit le champ et ouvre un espace à l’imagination.
Habitués à se produire ensemble, Florent Nagel, Joanna Marteel (photo à g.) soignent les couleurs et le relief de la partie de piano (où tout ne passe pas toujours sur le clavier…) et montrent la plus parfaite complicité avec le comédien Yves Penay. A ce degré d’écoute mutuelle, il ne s’agit plus d’un récitant et piano mais bien de musique de chambre.
Alain Cochard
Créteil, Médiathèque de l’Abbaye-Nelson Mandela, 7 mars 2015
Photo ( Joanna Marteel à g.; Florent Nagel à g.) © DR
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