61^èmes Nuits de la Citadelle ? La numérotation est trompeuse car elle ne prend en compte que la période écoulée depuis 1956, date de la « renaissance » d’un festival fondé en 1928 par le poète et historien Marcel Provence (1892-1951) – et qui a connu des heures très fastes jusqu’à la fatidique année 1939. Après les Chorégies d’Orange (nées en 1869), les Nuits de Sisteron sont donc bien le second plus ancien festival français.

Edith Robert, directrice artistique des Nuits de la Citadelle

De la musique baroque au klezmer, en passant par le théâtre et la comédie musicale, la diversité règne, comme de coutume, dans une édition 2016 à laquelle Philippe Jaroussky donne son coup d’envoi, le 20 juillet, accompagné par l’Ensemble Artaserse. « J’essaie d’être le plus éclectique possible et de proposer le meilleur au plus grand nombre, explique Edith Robert, directrice artistique depuis 1998 ; un kaléidoscope propre à satisfaire tous les goûts, avec la plus grande exigence. »
  
Site privilégié de la musique de chambre aux Nuits depuis 1961, le Cloître Saint-Dominique offre cette année son cadre à un récital d’Edgar Moreau et de David Kadouch (1/08). « C’est à ma demande que ces deux musiciens qui se connaissent bien et s’apprécient, mais qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble, on accepté de se produire dans Fauré, Debussy, Brahms et Chostakovitch, confie une directrice artistique point mécontente d’être parvenue à ses fins. Je sens que leur rencontre va très bien fonctionner ! »

Daniel Kawka © Christian Ganet

E. Robert et son équipe attendent avec autant d’impatience la première venue à Sisteron (13/08) de Daniel Kawka, « personnalité extraordinaire et profondément attachante », d’autant qu’il dirige « sa » formation, l’Orchestre Symphonique Ose !, phalange à géométrie variable dont la réputation va croissant depuis sa création en 2013. Et le bonheur de l’auditoire sera accru par la présence de Roger Muraro (soliste du Concerto en sol de Ravel), pour la première fois hôte des Nuits lui aussi.

Sisteron n’a sans doute pas les moyens de se lancer dans de lourdes productions lyriques, mais l’opéra n’en est pas pour autant exclu. Depuis le succès il y a quelques années d’une Carmen par Diva Opera, E. Robert se montre fidèle à la talentueuse compagnie britannique, réputée pour le charme et l’intelligence de ses productions « de poche ». Bryan Evans et ses chanteurs sont de retour à Sisteron (4/08) pour un Così fan tutte dans l’intimiste Cloître Saint-Dominique.

Ce lieu n’a jamais encore accueilli de théâtre (genre réservé à la Citadelle), ce sera cette année le cas avec « L’entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune », interprété par Daniel et William Mesguich (29/07). « J’avais éprouvé un vrai coup cœur pour la très belle pièce de Jean-Claude Brisville au Théâtre de Poche à Paris. Un dialogue sur Dieu, la foi et la raison que je suis particulièrement heureuse de pouvoir programmer, au Cloître de surcroît, confie E. Robert ».
 

Une soirée à la Citadelle © DR

Enfin pour pimenter la 61^ème édition, on découvrira aussi la comédie musicale Irma la douce (26/07), avec Lorànt Deutsch entre autres, dans une mise en scène de Nicolas Briançon, et le Sirba Octet (9/08), constitué de musiciens de l’Orchestre de Paris - rondement ! - menés par le violoniste Richard Schmoucler dans un programme tzigane et klezmer pour le moins tonique.
De tonus le spectacle « Rock the Ballet » des Bad Boys of Dance new-yorkais n’en manquera pas non plus. « Je n’avais pas pu aller les voir à l’Olympia il y a trois ans, reconnaît E. Robert, mais les critiques dithyrambiques que j’ai lues ont attiré mon attention. J’ai visionné différentes vidéos et j’ai été définitivement convaincue de les inviter. Rasta Thomas a mêlé les influences de Baryshnikov, Bruce Lee et Michael Jackson sur des musiques de U2, M. Jackson, Queen ou Coldplay. Un répertoire totalement inhabituel à la Citadelle ; un show « à l’américaine » qui vous en met plein là vue !