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Der Vampyr de Marschner à l’Opéra des Nations de Genève – Spectaculaire, ludique - et mordant ! – Compte rendu
Tobias Richter, directeur du Grand Théâtre de Genève, a frappé un grand coup en programmant Der Vampyr (1828) d’Henrich Marschner (1795-1861) dans une version remaniée (condensée en une heure et demie) venue de la Komische Oper de Berlin. De brefs interludes composés par l'Allemand Johannes Hofmann (né en 1981) – inspiré par les bruitages du cinéma d’horreur contemporain – remplacent le texte parlé d’origine (un livret adapté de John Polidari, un ami de Lord Byron et de Mary Shelley) et permet d’aller à l’essentiel au risque de chagriner les puristes.
La mise en scène d’Antú Romero Nunes ne lésine ni sur les moyens, ni sur l’hémoglobine. Terreur, horreur et cruauté sont convoquées d’emblée pour assouvir les désirs du vampire qui suce le sang de jeunes victimes qu’il va même chercher ... parmi les spectatrices, quitte à provoquer une forte émotion dans le public ! Très vite, l’humour un rien appuyé prend le relai et rend la production théâtrale et vivante, servie par les décors fantastiques et expressionnistes de Matthias Koch (une immense araignée, des fioles remplies de sang) ainsi que par les costumes multicolores d’Annabelle Witt.
Tómas Tómasson ( Lord Ruthven) © GTG / Magali Dougados
Plateau d’une belle homogénéité avec en Lord Ruthven, le vampire, un Tómas Tómasson, athlétique, impressionnant de noirceur, au timbre sombre et inquiétant. Sir Edgar Aubry, ami et victime du vampire, est incarné de manière volontairement caricaturale par le ténor Chad Shelton, engagé mais à la voix de tête un peu forcée, et la basse Jens Larsen a noble allure en Sir Humphrey Davenaut légèrement dépassé par les événements.
Du côté féminin, Laura Claycomb interprète une Malwina subtile jouant avec habileté de sa voix de colorature, tandis que Maria Fiselier (Emmy Perth) possède un grain de voix moelleux. Présents sous la forme de morts-vivants suggestifs, les chœurs du Grand Théâtre (préparés par Alan Woodbridge) s’en donnent à cœur joie dans une vision au second degré qui rappelle Le Bal des vampires de Roman Polanski. L’Orchestre de la Suisse Romande prend un réel plaisir, sous la baguette de l’Américain Ira Levin (lui-même mordu par le vampire !), à exalter les effluves d’une partition qui regarde en direction de Weber (dans l’Ouverture) et annonce le Wagner du Vaisseau fantôme.
Un spectacle mordant, fort réjouissant, proche du théâtre musical et en définitive très bien accueilli.
Michel Le Naour
Marschner (+ Johannes Hofmann) : Der Vampyr - Genève, Opéra des Nations, 23 novembre 2016 ; dernière représentation : 29 novembre 2016 / www.geneveopera.ch
Photo © GTG / Magali Dougados
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