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Concours Géza Anda de Zürich - Prime à la musicalité - Compte-rendu

La ville de Zürich organise tous les trois ans sous le patronage de Mme Hortense Anda-Bührle, veuve du célèbre pianiste hongrois Géza Anda (1921-1976), un concours de piano où se sont illustrés naguère Georges Pludermacher, Laurent Cabasso, Hüseyin Sermet, Pietro De Maria, Alexei Volodin… Placée sous le Présidence du chef d’orchestre Jonathan Nott, la finale a vu s’affronter trois candidats (parmi les dix en compétition au départ) au terme d’un parcours culminant avec trois célèbres opus concertants.

La Russe Varvara Nepomnyashchaya (née en 1983 - photo) a montré dans le Concerto n°3 de Beethoven des qualités incontestables de musicienne (avec parfois une certaine afféterie). Elle a réussi à séduire jury et public en décrochant la plupart des récompenses dont le Premier Prix. Interprète aguerrie, sachant dialoguer avec l’Orchestre de la Tonhalle très en verve sous la direction chambriste de David Zinman, elle dispose de moyens digitaux très subtils même si son approche s’avère plus mozartienne que beethovénienne.

Deuxième Prix, le Sud-Coréen Kim Da Sol (né en 1989) n’est pas un inconnu : l’an dernier il était invité par le Festival de La Roque d’Anthéron et a obtenu le Sixième Prix au Concours Reine Elisabeth en 2010. Il est sans nul doute le plus doué des finalistes mais ne soigne pas suffisamment sa sonorité dans le Concerto n°3 de Rachmaninov et ne triomphe pas toujours des bouffées généreuses et des élans mélodiques de l’ouvrage. Sa grande technique et son sens de la ligne sont quelque peu obérés par un manque de respiration lié sans doute au stress du moment.

Le Russe Elmar Gasanov (né en 1983) obtient le Troisième Prix. Le Concerto n°1 de Tchaïkovski n’a pas de secret pour lui ; seule l’émotion, la tendresse et l’originalité font défaut à sa conception brillante mais trop convenue de cette œuvre rebattue, pont-aux-ânes de tous les concours internationaux. La direction sensuelle de Zinman ne suffit pas à provoquer ce sentiment d’urgence qui aurait pu faire la différence. La logique s’est imposée : celle de la musicalité avant toute chose, qui était aussi la marque de Géza Anda.

Michel Le Naour

Zürich, Tonhalle, 12 juin 2012

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Photo : DR
 

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