Rares sont les occasions d’entendre en France le chef espagnol Antoni Ros Marbá (né en 1937) dont l’activité s’est surtout développée dans son pays, mais qui a aussi mené une carrière au Mexique et à la tête de l’Orchestre de chambre néerlandais. Régulièrement invité au Grand Théâtre du Liceu de Barcelone, il y dirigera en mai prochain l’opéra de Xavier Montsalvatge : El Gato con botas, et en juin celui de son maître Eduardo Toldrá : El Giravolt de maig. L’Orchestre National des Pays de la Loire a eu la main heureuse en le programmant pour une série de sept concerts à Angers, Le Mans, Cholet, Nantes et Château-Gontier dans un répertoire qui lui est consubstantiel.

Dès l’attaque d’España de Chabrier, l’entrain et le dynamisme de l’interprétation bousculent quelque peu l’orchestre qui exulte ensuite de rythmes et de couleurs sous cette direction engagée et chaleureuse. Soliste du fameux Concerto d’Aranjuez, le guitariste Pepe Romero livre ensuite une exécution d’une grande beauté et d’un classicisme épuré où la virtuosité, très impressionnante, se veut d’abord d’ordre poétique et parvient à une élégance proche de la danse baroque. L’Adagio qui a tant fait pour populariser l’ouvrage de Rodrigo bénéficie du soutien subtil du cor anglais solo de Jean-François Louis et de la lyrique complicité d’un orchestre en apnée.

La seconde partie, consacrée à des extraits de La Vie Brève et des deux Suites du Tricorne de Manuel de Falla, est un moment de fête où les pupitres de l’ONPL (en particulier la petite harmonie et la percussion) font flèche de tout bois dans une mise en place qui, sans être irréprochable, se nourrit de la générosité et de la passion transmises par un chef en parfaite osmose avec une musique qui n’a plus de secret pour lui.

Michel Le Naour

Angers, Centre de Congrès, 24 novembre 2011

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Photo : DR