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Carousel au Châtelet - Plus qu’une comédie musicale
Carousel c’est d’abord une pièce qui rendit son auteur célèbre : Liliom valut à Franz Molnar, dès sa création à Budapest en 1909, une renommée qui allait passer les frontières. Le cinéma s’en emparera par trois fois : en 1930 Frank Borzage le tournait pour Hollywood, mais ce fut surtout Fritz Lang qui en capta l’essence à Paris en 1934 (avec Charles Boyer, irrésistible Billy) avant qu’Ernst Lubitsch en démarque en 1943 son fameux Heaven can wait.
Longtemps Franz Molnar refusa toute adaptation musicale, mais finalement il accepta de céder sa pièce à Richard Rodgers qui s’engagea à cette occasion dans sa troisième collaboration avec Oscar Hammerstein. Finalement Carousel fut créé au Majestic Theater le 19 avril 1945. Le succès d’Oklahoma !, leur premier opus commun, se renouvela presque – près de neuf cents représentations à Broadway – et Londres offrit une seconde carrière à l’ouvrage sur les planches de Drury Lane dès 1950.
Comédie musicale ? Pas seulement, même si Rodgers a édulcoré la pièce de Molnar, en retranchant toute ironie. Le paradis du Prologue n’est plus du tout la satire de la bureaucratie de l’Empire austro-hongrois dont s’était régalé le dramaturge de Budapest ! Mais l’œuvre demande de vraies grandes voix - Billy exige un baryton ample de tessiture comme de volume et le rôle est devenu le mètre étalon pour l’emploi classique de ce registre dans les comédies musicales - et l’orchestre, réalisé par Don Walker, est particulièrement étoffé, entrant avec peine dans les fosses de Broadway.
C’est d’Angleterre, exactement du North Opera de Leeds où il fut créé le 2 mai 2012, que nous vient ce nouveau spectacle contant les amours de Billy, l’aboyeur de manège un rien vaurien – il mourra des suites d’une attaque ratée contre le richissime Bascombe - et de l’innocente Julie dont il aura une petite fille, raison de son retour, aussi vain qu’exceptionnel, d’entre les morts. Jo Davies a illustré avec finesse cette œuvre subtile, souvent nostalgique, qui est le vrai premier chef-d’œuvre de leurs auteurs – elle va tellement plus loin, dramatiquement et musicalement, qu’Oklahoma !
On guettera le Billy de Duncan Rock, la Julie de Kimy Mc Laren mais surtout la Nettie de Lisa Milne, Kevin Farrel entraînant les Chœurs du Châtelet et l’Orchestre de chambre de Paris pour ce qui constitue la création française de Carousel.
Jean-Charles Hoffelé
Si l’on veut se familiariser avec Carousel, il faut voir le film qu’en tira Henry King en 1956, disponible dans diverses éditions en DVD (préférer l’édition anglaise collector en deux DVD avec des bonus instructifs / 20th Century Fox), et se procurer l’enregistrement audio réalisé par la distribution de la création (Clayton, Darling, Johnson, Raitt) parfaitement réédité sous étiquette Naxos.
Rodgers & Hammerstein : Carousel
18 au 27 mars 2013
Paris – Théâtre du Châtelet
www.chatelet-theatre.com
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Photo : Alastair Muir
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