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« Chaplin Factory » ouvre le Festival ManiFeste 2024 – Martin Matalon fait son cinéma – Compte-rendu
Dans la grande salle du Centre Pompidou, « Chaplin Factory », la soirée d’ouverture du Festival ManiFeste 2024 de l’Ircam joue du spectacle visuel avec un ciné-concert au cours duquel des créations de Martin Matalon accompagnent trois films muets (et restaurés) de Charlie Chaplin.
Martin Matalon © Quentin Chevrier
Collaborateur régulier de l’Ircam, Martin Matalon, né à Buenos Aires en 1958 et installé à Paris depuis 1993, mène un parcours musical éclectique, marqué par un goût prononcé pour la musique illustrative. C’est ainsi qu’on lui doit des partitions destinées à accompagner des films historiques : comme pour Metropolis de Fritz Lang ou Un Chien Andalou, L’Âge d’or et Las Hurdes de Luis Buñuel. Son opéra L’Ombre de Venceslao, sur un livret et dans une mise en scène de Jorge Lavelli (1931-2023, autre Argentin qui s’était fixé à Paris), créé en 2016 à l’Opéra de Rennes avec un certain retentissement, a ensuite été repris dans onze villes de France et d’Amérique du Sud (1).
Aurélien Gignoux © Quentin Chevrier
C’est donc un spécialiste patenté avec lequel ManiFeste ouvre son festival. Trois films tournés aux États-Unis sont ainsi présentés : The Immigrant (1917), The Vagabond (1916) connu en français comme Charlot musicien, et Behind the Screen (Charlot fait son cinéma, 1916), d’une durée chacun d’un peu moins de 30 minutes. On y retrouve Charlot, ses grimaces et ses péripéties funambulesques, avec toujours une fin ... amoureusement heureuse !
© Quentin Chevrier
Matalon a conçu les trois partitions comme un arche formelle unique, avec un effectif commun. Sa musique, confiée au Trio K/D/M (ensemble pour deux percussionnistes et accordéon formé d’Adélaïde Ferrière, Aurélien Gignoux et Anthony Millet), augmenté d’une clarinette (Nicolas Fargeix), un violoncelle (Ingrid Schoenlaub), un trombone (Louise Ognois), une soprano, et sertis de l’électronique Ircam (par Étienne Démoulin, diffusée par Sylvain Cadars), se fait pointilliste, bruissante et tonnante. Ce n’est pas tant une illustration musicale, qu’une musique d’atmosphère mais en accord avec les soubresauts filmés.
Clara Barbier Serrano © Quentin Chevrier
Avec une partie vocale tenue par Clara Barbier Serrano, la musique ne manque pas de lyrisme diaphane, souvent pour marquer les apparitions des héroïnes de ces historiettes. Cela constitue un matériau d’ombres et de lumières dont les plans sonores tiennent de la dramaturgie. Et le tout est servi par des musiciens engagés sous la direction méticuleuse de Matalon. Belle entrée en matière pour cette nouvelle édition du festival ManiFeste ! Notez que cette « Chaplin Factory » sera reprise à l’Opéra de Massy le 3 juillet prochain.
Pierre-René Serna
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(1) www.concertclassic.com/article/lombre-de-venceslao-de-matalon-en-creation-rennes-du-sens-au-desordre-compte-rendu
Paris, Grande salle du Centre Pompidou, 30 mai ; reprise à l’Opéra de Massy le 3 juillet 2024 // Festival ManiFeste, jusqu’au 22 juin : manifeste.ircam.fr
Photo © Quentin Chevrier
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