"Charles Koechlin n'occupe point (…) aux yeux du public la place qu'il devrait avoir : sa modestie et son effacement volontaire - son dégoût de tout ce qui ressemble à la "publicité" - sont responsables de cette injustice. Mais quand il s'agit de rechercher l'influence exercée par les aînés sur les "jeunes", on reconnaît le rôle capital d'un Charles Koechlin dans l'évolution de l'art contemporain", écrivait René Dumesnil dans La Musique contemporaine en France, ouvrage publié en 1930. Fin observateur de la vie musicale, Dumesnil décrivait vingt ans avant la disparition de Koechlin une situation qui n'a à la vérité en rien changé aujourd'hui… En dépit de la richesse de sa production, l'auteur du Livre de la Jungle demeure en effet l'un des grands oubliés de la musique française du XXe siècle. Par chance la curiosité de certains organisateurs de concerts et interprètes vient, de temps à autre, mettre en lumière ce créateur attachant.

Tel est le cas de l'Orchestre National de Lyon qui, du 9 au 13 mars, propose une série de manifestations autour de la personnalité et de l'œuvre du compositeur. Maître orchestrateur, Koechlin dévoile son art du timbre dans un concert de l'ONL dirigé par Heinz Holliger : Vers la voûte étoilée et Les Bandar-Log (l'un des plus beaux épisodes du chef-d'œuvre de Koechlin : Le Livre de la Jungle) voisinent avec Khamma de Debussy et l'Epiphanie de Caplet (avec Bruno Weinmeister en soliste) - deux ouvrages orchestrés par Koechlin - sous la baguette du hautboïste et chef d'orchestre suisse. Occasion de mettre en valeur les solistes de l'orchestre, l'hommage de l'ONL comprend également un programme de musique chambre où le Quintette pour piano et cordes op 80 et la Sonate pour violoncelle et piano op 66 jouxtent un autre ouvrage méconnu mais pourtant superbe de la musique de chambre française du début du siècle : Le Masque de la Mort Rouge de Caplet, Conte fantastique pour harpe et quatuor à cordes inspiré de la nouvelle éponyme d'E. Poe.

Les solistes de l'ONL disposent toutefois d'autres occasions de se faire entendre. Le Quintette "Primavera" de Koechlin résonnera ainsi lors du vernissage de l'exposition "Charles Koechlin, l'homme et son œuvre" le mercredi 9 mars à 18H., tandis que la Sonate pour violoncelle op 66 sera également donnée lors de la conférence concert d'Otfrid Nies, Philippe Cathé et Robert Orledge le samedi 12 mars à 15h.
Notez enfin la projection (le 12 mars à partir de 14h30) du documentaire réalisé par Judith Kele pour Arte : "Charles Koechlin, la symphonie de la huitième star" - titre où tous les koechliniens fervents auront saisi le clin d'œil à la Seven Star's Symphony, témoignage sonore de la cinéphilie prononcée du musicien.

Alain Cochard

"Hommage à Charles Koechlin", du 9 au 13 mars. Auditorium de Lyon. Infos : 04 78 95 95 95.

Photo : DR