Présentée il y a deux ans à Favart, la Ciboulette de Reynaldo Hahn mise en scène par Michel Fau avait fait l’unanimité et Michel Le Naour vous a dit ici (1) les qualités d’une approche pleine de tact – d’ailleurs documentée en DVD (2). Fau a admirablement rendu compte de la couleur, du ton, du parfum si particuliers de l’opérette qui valut un triomphe à son auteur en 1923, tout en posant sur elle un regard parlant pour le spectateur contemporain – et sans jamais céder aux facilités de l’ «actualisation ».
 
Après une reprise l’an passé à l’Opéra Théâtre de Saint-Etienne (coproducteur du spectacle), Ciboulette revient sur la scène du Comique avec une distribution largement modifiée, mais le plaisir de savourer cette production demeure, intact.
Aussi convaincante en Ciboulette qu’en Conchita Ciboulero, Melody Louledjian succède avec autant de brio que de charme mutin à Julie Fuchs. Quant à Tassis Christoyannis, merveilleux Duparquet, il souligne sans doute un peu plus que Jean-François Lapointe la dimension nostalgique de son personnage et signe une incarnation très touchante.
 

© Vincent Pontet
 
Julien Behr réussit une fois de plus son benêt d’Antonin et Ronand Debois pétarade de santé en Roger, tandis qu'Olivia Dory s’acquitte fort bien du rôle de Zénobie. Jean-Claude Saragosse et Guillemette Laurens forment un couple Grenu toujours aussi pittoresque, qualificatif aussi approprié pour la Mme Pingret d’Andréa Ferréol (elle succède à la regrettée Bernardette Lafont), parfaite en poissonnière comme en faux Goya.
Après les musicien toulonnais, l’Orchestre de chambre de Paris occupe la fosse, rondement mené par Laurence Equilbey, tandis que chœur Accentus, préparé par Stéphane Grapperon ajoute beaucoup à la vie et au relief du spectacle. Cerise sur le gâteau, le sketch de Jérôme Deschamps (Le Directeur d’opéra) et Michel Fau (La Comtesse de Castiglione) n’a rien perdu de son efficacité. Bref, une reprise pleinement réussie, et d’autant plus justifiée que Ciboulette s’inscrit parmi les temps forts des années Deschamps.
 
Bientôt c’est vers Saint-Etienne que les curieux de la musique de Reynaldo Hahn se tourneront : Le Marchand de Venise y tient l’affiche pour trois représentations les 27, 29 et 31 mai.
 
Alain Cochard
 
(1) http://www.concertclassic.com/article/ciboulette-de-reynaldo-hahn-lopera-comique-rien-que-du-bonheur-compte-rendu
 
(2) 2 DVD Framusica/Opéra Comique
 
Hahn : Ciboulette – Paris, Opéra Comique, 27 avril 2015, prochaine représentations les 5 et 7 mai 2015.
www.concertclassic.com/concert/ciboulette-de-reynaldo-hahn-0
 
 
R. Hahn : Le Marchand de Venise
Les 27, 29 et 31 mai 2015
Saint-Etienne – Opéra Théâtre
www.operatheatredesaintetienne.fr
 
 
 Photo © Vincent Pontet