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Compte-rendu : Ferveur maîtrisée - Les Modigliani concluent la 3ème édition de « Quatuors à Saint-Roch »

A chaque occasion qui s’offre de l’entendre, le Quatuor Modigliani manifeste une autorité et une musicalité qui ne laissent de surprendre de la part d’une aussi jeune formation. Et il est vrai que dès les départ les quatre instrumentistes avaient « trouvé leurs marques » et que la composition de l’ensemble n’a pas bougé depuis l’origine – des formations concurrentes n’on pas toujours eu cette chance...

Sans doute les Modigliani viennent-ils de rendre à la fondation qui les leur prêtait les magnifiques « Evangélistes » de Vuillaume. Ils les ont remplacés par de somptueux instruments italiens qui, du Guadagnini du premier violon au Gofriller du violoncelliste, forment un ensemble tout aussi convaincant. Corrigée par un ingénieux dispositif, l’acoustique de la chapelle du Calvaire a perdu tout excès de réverbération et, dans ce contexte, les Modigliani ont pu donner la pleine mesure de leur art en conclusion de la troisième édition du mini-festival « Quatuors à Saint-Roch ».

« Mise en bouche » avec un superbe arrangement du choral « O Mensch, bewein’ dein Sunde gross » de Bach par le Japonais Toshio Hosokawa. Dense et émue, la pièce installe une atmosphère recueillie : on ne savoure que mieux le Quatuor op 77 n°1 de Haydn qui suit. Depuis un bel enregistrement paru chez Mirare on sait que la musique du maître d’Esterhaza est une terre d’élection pour des instrumentistes qui restituent ici avec autant de vitalité que de poésie et de fini instrumental une partition tardive de l’Autrichien où les chausse-trapes ne manquent pas.

Cette ferveur maîtrisée distingue tout autant le Quatuor op 51 n°2 de Brahms dont les Modigliani assument « à pleins poumons » la force expressive et le foisonnement contrapuntique. Avec quelle noblesse, quelle plénitude, chantent-ils la victoire de Brahms sur une forme qui pendant si longtemps l’avait intimidé !

En bis, la douce expression de l’Andantino du Quatuor de Debussy se déploie avec un merveilleux art de la demi-teinte. Et une fois de plus, l’absolue justesse du caractère enchante : du grand art, très simplement.

Alain Cochard

Paris, chapelle du Calvaire, dimanche 28 mars 2010

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Photo : DR
 

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