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Compte-rendu : La surface des choses - Yuja Wang en récital à Pleyel
Quatre sonates de Scarlatti avec des reprises aléatoires donnaient la mesure de ce concert : Yuja Wang timbre admirablement, et sa sonorité porte, aidée par un jeu de haute école où les épaules et les bras forment un son puissant et jamais tapé. Mais il y a un envers du décor, dévoilé dès l’intrada des Etudes symphoniques. Ce Schumann parfois inspiré, plus souvent poète qu’à son tour, reste joué en surface, dans les timbres, n’envisage jamais le foisonnement polyphonique, et consent à l’ombre parfois mais jamais aux abîmes. Ces moyens admirables, cette musicalité exigeante ont simplement besoin de temps pour se trouver un sens, et aussi probablement de l’apport spirituel d’un vrai grand maître du piano, ce à quoi l’enseignement pyrotechnique de Gary Graffman, seul mentor avoué par la biographie de l’artiste, ne peut prétendre.
Osera-t-on dire qu’entre l’école à prodiges chinoise et la virtuosité de panache du Curtis Yuja Wang manque au fond d’Europe, de cette vieille Europe où le sens des chefs d’œuvre s’est formé, où l’histoire de la musique s’est écrite ? Trois lieder de Schubert qui ne laissaient plus voir que le vernis de Liszt, une formidable 6e Sonate de Prokofiev réduite pourtant à une suite de tours de passe-passe techniques et comme expurgée de l’omniprésence terrible de la guerre confirmaient et la gloire de la jeune pianiste et ses lacunes.
Jean-Charles Hoffelé
Paris, Salle Pleyel, Paris, le 16 décembre 2009
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