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Compte-rendu : Les Etoiles du 21e siècle au TCE - Le bonheur est dans la pointe
Foin des grincheux et des grognons, qui prédisent la mort du ballet classique et de ses codes. Car les voici transcendés par la virtuosité la plus folle, le charme le plus vif, le bonheur de danser le plus contagieux avec ce défilé d’étoiles éblouissant : tous beaux, tous amoureux fous de leur mode d’expression, tous réunis par leur désir de transcender le corps et d’en tirer une sorte de sublimé avec lequel ils vont tracer un message graphique autant que sensible. Bref, les six couples réunis pour ces saisonniers Galas de Etoiles au TCE ont apporté un bonheur total à une salle surexcitée. Un festival d’arabesques, de pirouettes, de fouettés, de portés, d’entrechats, autant de perfections glanées sur plusieurs scènes européennes comme Munich, Varsovie et Moscou, mais aussi en Chine ou aux Etats-Unis.
Le monde de la danse se rejoint ainsi en Petipa, Mujic ou Balanchine, un peu moins dans Messerer, que les venus du Bolchoï s’obstinent à conserver pieusement, comme un vestige d’une danse russe fondatrice mais désuète. Et les spectateurs parisiens ont savouré la sensualité de la flamande Ilja Louwen partenaire du très physique Leo Mujic, dans des pas de deux très prenants. Ils ont goûté le brio d’Ekaterina Krysanova et Andrei Merkuriev dans une extrait d’Esmeralda, la ferveur émouvante d’Aleksandra Liaszenko et Egor Menshikov portés par le Tristan de Wagner, admiré l’académisme impeccable des chinois Zhang Jian et Hao Bin, virevoltant dans Tchaïkovski mais aussi sur une magnifique chanson de Lynda Lemay.
Et, au-delà des étoiles, il y a les stars : ici règne la liane espagnole Lucia Lacarra (photo), avec son incontournable partenaire Cyril Pierre (photo), étoiles du Ballet de Munich. A eux deux, ils font mentir les règles de la gravité et l’équilibre. Enfin, parce que les public aime les sensations fortes, surtout quand elles sont administrées avec un brio vraiment magique, l’inouï Daniil Simkin : ce lutin qui n’a guère le gabarit de Barychnikov mais en a assurément les moyens, montre, d’année en année, car il fut une révélation de ces galas, qu’il continue de s’accrocher aux étoiles sans perdre un atome de sa fraîcheur. Avec sa partenaire Yana Salenko, dénichée à Berlin et qui ne pâlit pas devant l’astre Simkin, ils ont littéralement soulevé la salle dans l’irrésistible Tchaïkovski pas de deux, de Balanchine. Réjouissant, salvateur…
Jacqueline Thuilleux
« Les Etoiles du 21e siècle » - Paris TCE, les 17, 18 et 19 septembre 2010.
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