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Compte-rendu - Une chatte sur un plateau brûlant - Anna Netrebko en récital à Pleyel
A quelques jours de son retour sur la scène de la Bastille dans L'elisir d'amore de Donizetti, la pulpeuse Anna Netrebko avait rendez-vous salle Pleyel pour un concert en duo avec le ténor Massimo Giordano. Très attendue, la soprano n'a pas vraiment déçu, mais le déchaînement provoqué par sa prestation laisse perplexe. Certes le timbre est séduisant, la voix joliment charpentée, dotée d'un beau volume et les nuances habilement amenées, mais que dire alors de l'art consommé d’une Renée Fleming ? On ne peut passer sous silence la diction très approximative du français qui nuit à la ligne de chant (Roméo et Juliette), l'intonation hasardeuse et la justesse relative du bas medium (Lucia di Lammermoor), la cantatrice apparaissant plus musicale que véritablement musicienne dans le cantabile pure du « Regnava nel silenzio » et les variations « Quando rapito in estasi », qui manquent de style. Sa fraîcheur et le plaisir évident qu'elle éprouve face au public jouent beaucoup en sa faveur, mais ne sauraient faire oublier la pauvreté de la dynamique, la respiration inégale et les colorations peu variées qu'elle croit compenser en miaulant comme une chatte « Il bacio d'Arditi », ou en roucoulant l'invocation à la lune de Rusalka.
Massimo Giordano (qui débutera en octobre à la Bastille dans La Bohème) prononce mieux notre langue, mais son timbre sans grand relief et son registre serré n'ont rien de renversant. Après un convenable Nemorino (air puis duo gâtés par d'inutiles gesticulations et pitreries), le ténor s'est tout à coup imposé dans le très bel air de Lenski « Kuda, Kuda » d’Eugène Onéguine, interprété avec sensibilité, élégance et caractère, dans un russe fluide. A court d'imagination dans "L'alba separa dalla luce l'ombra" de Tosti, son Rodolfo de La Bohème, nasal et à l'aigu écrasé n'a pas transporté l'assistance (« Che gelida manina »), sa consoeur obtenant un triomphe avec l'air de Mimi, charmant sans plus, suivi du fameux duo de l'acte 1 ! Qu'en aurait-il été si la jeune femme avait osé Norma, Butterfly ou Don Carlo ?
Pour conclure en "beauté" et mettre le feu aux poudres, son bis préféré pour elle, « Meine Lippen sie küssen so heiss » extrait de Giuditta de Lehar, dans un allemand confus mais avec force déhanchements, bras en l'air et effets de jupe relevée dignes du Moulin Rouge, « Cor'n grato » pour lui, décidément peu convaincant dans ce répertoire napolitain, ainsi qu'un malheureux Brindisi de La Traviata dirigé, comme la totalité de ce concert, à la va-vite et avec de gros sabots par Keri-Lynn Wilson à la tête de l'ONDIF.
François Lesueur
Paris, salle Pleyel, le 1er octobre 2009
Programme détaillé de la Salle Pleyel
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Photo : DR
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