Si l’on se rend à la Filature les 19 ou 20 mars prochains, ce sera d’abord pour le programme : concert thématique autour de Pelléas et Mélisande, réunissant deux partitions qui décalquent de la même œuvre des univers antithétiques. C’est une musique de scène toute en suggestion que Fauré écrit entre les mots de Maeterlinck, allusive, fuyante, emplie de gris colorés, alors que Schoenberg signe un vaste poème d’orchestre dont les touffeurs font songer souvent aux Serres Chaudes, avant que le drame et le meurtre ne s’y introduisent avec une violence cataclysmique. Deux orchestres aussi raffinés l’un que l’autre, le premier économe, le second « hénaurme ».

Plutôt que d’ajouter la troisième proposition, celle de Jean Sibelius, Daniel Klajner a préféré « aérer » le programme en l’interrompant par le Concerto de Schumann, avec en soliste rien moins que Bruno Leonardo Gelber (photo), clavier immense, d’un charisme tout romantique, auquel l’œuvre semble naturellement destinée. Mais si l’on se rend à la Filature, ce sera aussi pour constater les étonnants progrès d’un orchestre qui a enfin trouvé son chef. Daniel Klajner, découvert chez nous lors d’un étourdissant Don Giovanni toulousain, est l’une des toutes grandes baguettes de sa génération - on oublie trop quelle chance les Alsaciens ont de l’avoir à domicile.

Jean-Charles Hoffelé

Mulhouse, La Filature, les 19 et 20 mars 2010
Tél. : 03 89 36 28 28
www.orchestre-mulhouse.fr

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Photo : DR