Journal
David Kadouch en récital à la salle Gaveau – Bonheur augmenté – Compte-rendu
Un passage de David Kadouch à la Roque d’Anthéron en août 2021 nous avait donné l’occasion de l’applaudir dans le récital qu’il a imaginé autour du personnage d’Emma Bovary. Depuis, un disque (Mirare) est sorti et l’artiste a plus d’une fois eu l’occasion de redonner ces « musiques de Madame Bovary » en concert. On ne reviendra pas ici sur l’intelligente organisation du programme, autour d’extraits de l’admirable recueil Das Jahr de Fanny Mendelssohn, d’autant que David Kadouch s’est exprimé à ce sujet dans nos colonnes il y a peu.(2) On avait été séduit par la cohérence musicale du projet autant que par l’intensité et la pudeur de l’approche l’an dernier ; bonheur renouvelé que de retrouver David Kadouch à la salle Gaveau ; bonheur augmenté même grâce la décantation qui s’est produite au fil des mois et des reprises.
La Sérénade de Pauline Viardot s’est muée en un merveilleux rêve d’Espagne ; les trois Nocturnes op. 9 offrent un distillat belcantiste d’une poésie entêtante et d’un confondant raffinement du timbre – que l’on aimerait que le pianiste nous livre l’intégralité du corpus ! Pas moins réussie, la Valse lente de Coppelia transcrite par Dohnanyi quintessencie l’esprit de la danse, avec une science pianistique aussi consommée que l’est celui du bel canto donizettien dans les Réminiscences de Lucia di Lammermoor. Ne se dispersant jamais dans l’effet virtuose, le geste d’appropriation créatrice lisztien, sensuel et généreux, prend tout son sens sous les doigts de David Kadouch. La fluidité des Variations sur un thème de Robert Schumann de Clara Schumann est l’image d’un programme au cours duquel tout s’enchaîne comme dans songe. Le Notturno en sol mineur de Fanny Mendelssohn conclut de la plus secrète manière. Ne pas rompre le charme ... En bis, la Mélodie op. 4 n° 2 de Fanny et le Valse op. 64 n°2 de Chopin, fabuleusement décantée, le prolongent quelques minutes encore. Magique !
Que ceux qui n’ont pu être présents à Gaveau se rassurent, David Kadouch aura bien des occasions de reprendre les « musique de Madame Bovary » (1) dans les semaines qui viennent, à commencer par le Festival « Un Temps pour Elles » à l’abbaye de Maubuisson le 11 juin prochain. (3)
Alain Cochard
Paris, Salle Gaveau, 30 mai 2022
(1) www.concertclassic.com/article/regards-de-femmes-au-41e-festival-de-la-roque-dantheron-marie-catherine-girod-celia-oneto
(2) www.concertclassic.com/article/une-interview-de-david-kadouch-flaubert-en-musique
(3) elleswomencomposers.com/festival-un-temps-pour-elles/
Photo © DR
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