Du 26 juillet au 13 août, Prades, l’un des plus anciens festivals de France, fête son 60e anniversaire. La figure de Casals et le grand répertoire y seront comme toujours très présents, mais ne doivent pas occulter la jeunesse et l’ouverture à la modernité qui distinguent aussi la manifestation, comme le rappelle Michel Lethiec, son directeur artistique.

Comment avez-vous conçu la 60e édition du festival, indissociable de la figure de Pablo Casal ?

Michel LETHIEC : L’édition 2010 est une rétrospective des soixante ans du festival. Nous commençons par un concert « de Prades à New York » à l’abbaye St Michel de Cùxa – car l’histoire du lieu et celle du festival sont très liées -, ensuite nous irons du programme du premier concert de Casals à Prades, le 2 juin 1950(1), jusqu’à 2010 avec la création française du 7ème Quatuor à cordes de Cristobal Halffter. C’est symbolique de la permanence de la tradition et de la place que Prades réserve à la modernité.
Quant à Casals, il est décédé il y a longtemps, mais on en parle toujours comme si c’était hier. Ceci témoigne d’abord de la profondeur et de la solidité des racines du festival, mais aussi du fait que tous ceux qui l’ont continué après lui, bien avant moi et jusqu’à présent, ont réussi à garder l’esprit de Casals, à se servir des racines pour développer des choses, ce qui est la cas avec l’Académie de Musique.

Le 60e anniversaire a-t-il des répercussions sur l’activité de cette Académie ?

M.L. : Il se trouve que nous fêtons aussi cette année les quarante ans de l’Académie de musique. Très modeste au départ, elle n’était pas liée au festival. Elle s’est beaucoup développée par la suite. Elle concerne surtout la musique de chambre mais comprend aussi des classes d’instrument. Ce qui la différencie des autres académies tient à l’importance de la dimension chambriste. A la fin de la session 2010, cinquante groupes auront l’occasion de jouer, soit seuls, soit avec les professeurs ; dix concerts du festival sont réservés à ces jeunes musiciens. Nous avons 150 étudiants cette année, c’est la première fois que nous atteignons ce chiffre !

On imagine parfois le Festival de Prades cantonné dans le grand répertoire, il s’est pourtant beaucoup ouvert à la musique d’aujourd’hui depuis quelques années...

M.L. : Il est vrai que quand Casals était à Prades - il avait alors plus de soixante-dix ans – le grand répertoire dominait, d’autant que la Columbia qui a beaucoup aidé le festival durant les premières années n’était pas là pour enregistrer du Schönberg. Il faut en revanche se souvenir qu’avec l’orchestre qu’il avait fondé à Barcelone en 1919, Casals a programmé énormément de musique de son temps.
Il m’a donc semblé nécessaire d’ouvrir le festival à la musique d’aujourd’hui ; en tant que clarinettiste et que professeur j’y suis très attaché. Je suis partisan de programmes qui mêlent de façon cohérente les grands classiques et des pièces contemporaines. Je constate avec plaisir que le public suit et nous fait confiance.
Prades a par ailleurs créé un concours de composition biennal dont la troisième édition se déroulera en 2011. Ce qui signifie que nous sommes à l’origine de 200 à 220 créations : les gens qui se présentent au concours doivent en effet présenter une composition inédite. Des œuvres qui, même si elles ne remportent pas le prix et ne sont pas jouées à Prades, le seront forcément un jour quelque part.
Des artistes tels que Penderecki, Widmann ou Dalbavie font partie du jury, où j’ai tenu à ce que l’on trouve à la fois des compositeurs et des interprètes (Arto Noras ou Vladimir Mendelssohn pour les cordes, Barry Douglas pour le piano, moi-même pour les vents). La parole des interprètes est très importante par rapport aux compositions nouvelles.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 19 juillet 2010

(1) Le 1er Festival de Prades s’est déroulé du 1er au 20 juin 1950

60e Festival de Prades
Du 26 juillet au 13 août 2010
www.prades-festival-casals.com

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Photo : DR