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Emmanuel Pahud crée Dreamtime de Philippe Hersant à l’OCP -Narration rêveuse - Compte-rendu
Dreamtime, le temps du rêve : Philippe Hersant a emprunté le titre de sa nouvelle œuvre, pour flûte et orchestre, à la cosmogonie mythologie des aborigènes d'Australie. Simple « déclic compositionnel » selon le compositeur, il ne faut y voir aucun programme ethnomusicologique. En revanche, l'aspect « rêverie » est bel et bien présent, non pas dans son sens de songe éthéré, mais plutôt par l'enchaînement des idées, l'alternance des atmosphères au cours de la vingtaine de minutes que dure l'œuvre. On sait le rôle que jouent les réminiscences dans la musique de Philippe Hersant et, cette fois encore, apparaissent des figures que l'on croit reconnaître avant qu'elles ne disparaissent – comme elles le feraient en rêve. L'introduction, en un ostinato des deux flûtes de l'orchestre sur lequel vient se poser la flûte soliste, nous plonge ainsi dans un monde quasi-ravélien, sorte de « lever du jour » qui reviendra à la fin de l'œuvre.
Le compositeur a raison de parler du flûtiste comme d'un narrateur, tant le soliste mène l'œuvre par tous les états du rêve. Mais cette narration, ce déroulement en un mouvement continu se révèle au fil de l'œuvre un peu trop prévisible, même s'il est appuyé sur des modes de jeu variés et sur de subtiles associations instrumentales (comme ce chant du cor suspendu à quelques notes de la contrebasse).
Le succès de cette création tient évidemment pour beaucoup à l'extraordinaire virtuosité d'Emmanuel Pahud, qui sait traduire toute la poésie sonore de la musique de Philippe Hersant. Son interprétation exceptionnelle, étincelante de la courte Fantaisie de Fauré (dans sa version orchestrée par Louis Aubert) a confirmé son aptitude à apporter à chaque note sa nuance expressive. Une qualité partagée lors de ce concert sous la conduite de Thomas Zehetmair. À la tête de l'Orchestre de chambre de Paris, il a dirigé avec vivacité, sans aucune pesanteur un programme riche en variations, ouvert avec Siegfried-Idyll de Wagner, où il a fait dialoguer ses musiciens dans un parfait esprit chambriste. Et c'est avec le même sens de l'équilibre qu'il a rendu justice à la Deuxième Symphonie de Saint-Saëns, dont il ne néglige ni l'élan ni la clarté.
Jean-Guillaume Lebrun
Paris – Théâtre des Champs-Élysées, 14 janvier 2014
Photo © Peter Adamik EMI Classics
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